Post Scriptum sur des élections attentistes
Une ou deux remarques seulement, pour faire le point. Les mid-terms elections sont remarquables par ce qu’elles ont d’inattendu, mais l’inattendu n’a absolument rien de remarquable.
Les « analystes » prévoyaient un raz de marée du Parti Républicain, il n’en a rien été.
Au contraire, dans la composition du Sénat et de la Chambre, les forces vont presque surement être quasi identiques, avec peut-être un léger basculement dans la Chambre pour donner une petite majorité aux Républicains. Dans les élections des Etats, les forces restent quasiment celles qu’elles étaient avant l’élection.
Ainsi, New York illustre bien ce que ces élections démontrent. Dans l’Etat comme dans la ville, les Républicains progressent nettement. S’ils perdent dans la course pour le poste de governor (l’executif), leur challenger, Lee Zeldin réalise un bon score contre la sortante, Kathy Hochul, et plusieurs districts (circonscriptions) dans la Chambre fédérale, considérés comme sûrs par les Démocrates, passent dans l’autre camp.
Zeldin, un congressman (député) peu connu en dehors de sa circonscription de Long Island, avait mené une bonne campagne sur la base de positions raisonnables, notamment en matière de sécurité (soutien aux forces de l’ordre et le minimum de pitié pour les voyous) et opposition au « wokisme ».
C’est un programme payant qui fut aussi le noyau de la campagne du gouverneur Républicain sortant en Floride, Ron de Santis, lequel est reconduit aisément et devient dès maintenant le rival de Donald Trump pour l’investiture du parti à la prochaine présidentielle.
L’équilibre, ou statu quo, apparemment voulu par les électeurs, dans l’ensemble de cette grandes diversité d’Etats et de circonscriptions, semble démontrer que les Américains sont réceptifs aux idées conservatrices, modérées, raisonnables, fondées sur le bon sens, la discipline dans le travail et la responsabilité individuelle. Ils se méfient de l’hystérie qui caractérise le discours politique depuis une bonne douzaine d’années et qui frôle la paranoïa depuis l’élection de 2020 et ses séquelles.
A l’heure de cette correspondance, il manque cinq députés pour donner une mince majorité aux Républicains, le double pour la donner aux Démocrates. On attend les résultats dans plusieurs circonscriptions dont les officiels soit ne savent pas compter soit sont des vendus, ce qui n’est pas forcement different.
Il serait normal, vu la sottise et le cynisme de la classe politique dans son ensemble, ne ne pas trouver de majorité qui puisse fonctionner, et que la Chambre reste dans un état de catatonie législative, miroir de sa catatonie mentale. Si les Démocrates tiennent leur majorité, ils sont trop affaiblis pour faire passer un programme législatif sérieux, et la conséquence est qu’on remet, une fois de plus, à plus tard, l’heure de vérité.
Cela implique quelques dangers en politique étrangère, dans la mesure ou aucune grande initiative — par exemple, le bombardement du Qatar pour défendre les droits de l’homme et écraser la corruption dans le football — ne sera prise. Mais on peut espérer que l’enemi totalitaire, qu’il soit arabe, perse, russe, coréen ou chinois, aura la lucidité de comprendre que dans une crise, la classe politique américaine, par conformisme plus que par conviction, choisira le drapeau et la riposte à toute provocation. Ce n’est pas d’un grand confort pour les assoiffés de liberté en Iran, en Afghanistan ou à Hong Kong, ni pour ses défenseurs de la Chine Libre (Taiwan) ou de l’Ukraine, mais c’est mieux que l’étrange défaite vers laquelle nous mèneraient et les wokes du Parti Démocrate et les complotistes du Parti Républicain.
Roger Kaplan
(image: James Boast, Ikon Images, NTB)