Derrière le conflit territorial, le fanatisme islamiste

Vu par le petit bout de la lorgnette, le conflit israélo-palestinien est territorial : une population arabe vivant en Palestine, un territoire sous mandats variables, se considère depuis toujours comme partiellement envahie par une population juive à laquelle elle refuse le droit d’y habiter.

Depuis 1948 la création d’un État juif et d’un État arabe se partageant le territoire a été refusée unilatéralement par les États Arabes.

La cause de ce refus est l’islamisme.

C’est ce fanatisme religieux islamiste qui rend la coexistence impossible.

Les fanatiques religieux juifs qui revendiquent – eux aussi- l’intégralité de la Palestine aggravent le différend mais ils ne sont pas les responsables des échecs de règlements antérieurs.

Il ne s’agit donc pas d’une guerre de religions entre le monde judéo-chrétien et le monde musulman. Il s’agit d’une guerre de l’islamisme au monde libre. Ceux qui en Occident (tel Éric Zemmour) présentent ce conflit comme une guerre de religions opposant l’Occident judéo-chrétien à l’Islam adoptent le même point de vue que leurs ennemis.

En réalité l’islamisme contemporain mène la troisième offensive mondiale contre le monde libre, et contre la liberté, après le communisme et le nazisme.

Ces trois idéologies ont en commun de ne pas reconnaître l’humanité de leurs ennemis, et de lever toutes les inhibitions civilisationnelles au déchainement de la barbarie.

La violence barbare des islamistes du 7 octobre n’a nullement pour cause la situation des habitants de Gaza.

Pas plus que la violence barbare des pogromistes d’avant la seconde guerre mondiale n’avait pour cause le comportement des Juifs à leur égard.

L’islamisme est la cause de sa barbarie.

Sa violence barbare a d’ailleurs connu des précédents qui éclairent cette déshumanisation : les atrocités commises en 1572 lors de la Saint-Barthélemy par des chrétiens catholiques contre les chrétiens protestants sont foncièrement de même natureSont coupables toutes les idéologies qui nient l’humanité de leurs « autres », et qui poussent à la jouissance transgressive de déshumaniser ces autres.

Si nous nous bénéficions en France de la sortie de ces guerres de religion, nous le devons au triomphe du principe de tolérance, à la séparation entre l’État d’un côté et, de l’autre, les religions et les idéologies, et finalement à la sécularisation des religions et des croyants.

L’évolution des catholiques s’est faite dans ce sens et elle a rendu possible leur coexistence avec les protestants et avec les Juifs.

La laïcité est la voie à suivre.

Il est hautement souhaitable que l’État d’Israël suive la même évolution, afin que la religion reste là-bas à la place qui devrait être la sienne, sans imposer son sacré particulier à la société et au reste du monde.

Cette évolution n’est pas impossible.

Tout deviendrait possible si le monde musulman suivait la même évolution.

On n’en est pas là.

Les démocraties libérales qui composent le monde libre doivent donc s’organiser pour pouvoir se défendre contre leurs ennemis archaïques et potentiellement barbares.

André Senik

18 Nov 2023


J’irai à la manif de dimanche contre l’antisémitisme

– Bien que l’antisémitisme y sera dénoncé de manière vague et abstraite, sans la moindre référence à l’influence qu’a, sur son développement actuel, le fanatisme religieux islamiste;

– bien qu’on n’y défendra pas ouvertement Israël, victime d’une attaque monstrueuse de la part du Hamas le 7 octobre dernier, attaque  justifiant la guerre que lui fait en riposte l’Etat juif;

– bien qu’on n’y dénoncera pas l’usage par le Hamas des hôpitaux, des écoles et des logements de particuliers pour abriter ses actions terroristes;

– bien qu’on n’y appellera pas à la libération des femmes et des hommes retenus comme otages par le Hamas,

je participerai à la manifestation du dimanche 12 novembre pour montrer mon attachement aux valeurs et aux principes des démocraties libérales alliées à Israël, notamment la tolérance et la laïcité.

Pierre Rigoulot

12 Nov 2023


NEUF THESES SUR LE CONFLIT ISRAEL-HAMAS

1) Un mort vaut un mort, une mort ne vaut pas une mort. Prétendre le contraire est au mieux de la stupidité, plus probablement une manière de justifier le massacre des Juifs.

2) Ne pas voir que le crime contre l’humanité du 7 octobre est un événement inouï, sans précédent aucun dans certaines de ses modalités, pour les Juifs comme pour le monde, revient à donner raison à Jean-Marie Le Pen: que sont les chambres à gaz (deux millions de morts) sinon un « point de détail » dans une Seconde guerre mondiale qui en fit au moins 60 millions, dont de très nombreux enfants allemands et japonais? Pourquoi en faire tout un plat?

3) 8 Français sur 10, et 99 % du milliard de musulmans se révèlent de fait d’accord avec JM Le Pen sur ce point de détail. Ça m’effraie, pour moi, pour eux, pour le monde.

4) Abolir la distinction entre agresseur et victime, entre crime prémédité et morts collatérales, c’est: -se condamner à ne plus rien comprendre ni aux guerres, ni à la violence en général

-faire exploser une réflexion sur la guerre juste ou injuste, sur ce qui est permis et interdit dans un conflit, qui remonte à l’Antiquité, et qui est à la base de l’ensemble du droit international, de l’ONU, de la Justice internationale, et de dizaines de traités essentiels du XX ème siècle

-en réalité, sous prétexte d’humanisme et de pacifisme, rétablir la loi de la jungle, où tout sera permis, puisque tout sera mis sur le même plan.

Dénoncer à égalité tous les morts de toutes les guerres

serait une position valable s’il y avait la moindre chance de mettre réellement fin aux guerres présentes et à venir. Est-ce réaliste en 2023 ?

Car sinon, cela aboutit à rejeter indistinctement agresseur et agressé – et donc à donner une prime au premier. Cela conduit aussi à abolir le droit de la guerre, qui circonscrit ce qui y est admissible pour mieux proscrire ce qui ne l’est pas (le principe général en est simple : toutes les souffrances infligées qui n’ont pas d’efficacité en vue de l’acquisition de la supériorité sur l’adversaire). Cela signifie que les « dommages collatéraux » sur les populations civiles (enfants compris) ne sont pas des crimes de guerre (contrairement à ce que beaucoup d’ignorants et de militants prétendent), à condition que tout soit fait pour les limiter au maximum. Mais sans que cela aboutisse à l’impossibilité de mener une guerre.

Les précédents historiques sont intéressants à considérer. Les pacifistes intégraux des années 1930 se sont pour la plupart ralliés à Pétain, qui voulait le rétablissement de la paix et la réconciliation avec l’Allemagne, contre le va-t’en-guerre De Gaulle. Les pacifistes des années 1950-1960 ont été pour une large part attirés dans le Mouvement de la Paix, dirigé par le PCF, qui prônait le désarmement de l’Ouest (nucléaire en particulier) sans du tout se préoccuper ce celui de l’Est.

5) « Israël est tombé dans le piège du Hamas » en attaquant Gaza. Sans doute, et Israël le sait parfaitement. Mais quelle est l’alternative? Se soumettre à l’horreur? Ce serait accorder la victoire au Hamas, qui le proclamerait bruyamment, et triompherait définitivement auprès de l’ensemble des Palestiniens. Ce serait encourager le Hezbollah à attaquer Israël. Ce serait pousser vers le pouvoir les djihadistes dans l’ensemble du monde arabo-musulman. Ce serait encourager les crimes antisémites partout dans le monde.

Mieux vaut être détesté mais craint que jouir d’une certaine sympathie en étant méprisé. Cela vaut pour les pays comme pour les individus. Au diable donc l’opinion mondiale ! A-t-elle sauvé les Arméniens du Karabagh de l’épuration totale?

6) Si Israël fait exploser le piège, en même temps que les immeubles et les tunnels du Hamas, la leçon sera reçue par les agresseurs potentiels, et pas seulement au Moyen-Orient. Le crime ne paie pas. La prudence du Hezbollah s’explique déjà ainsi.

7) En conséquence, ceux qui s’époumonent « cessez-le-feu immédiat » sont au mieux des idiots, au pire des criminels qui ne visent qu’à la destruction d’Israël (et pas seulement de Netanyahou, ou des colons de Cisjordanie).

8) Il conviendrait plutôt de manifester notre soutien aux courageux soldats israéliens, qui, comme les non moins braves soldats ukrainiens, combattent et sacrifient leur vie pour défendre des valeurs d’humanité et de liberté (des peuples, mais aussi des individus) qui font ici largement consensus. Ou alors veut-on encourager la coalition des dictateurs et des fanatiques qui n’ont de cesse de les miner?

9) L’antisionisme est une notion généralement utilisée à contresens. Avant 1948 (création d’Israël), c’était une position largement partagée chez les Juifs – il fallait se battre contre l’antisémitisme là où on se trouvait, sans se « réfugier » dans un Etat juif. Aucune confusion possible avec l’antisémitisme. Cette position fut hélas explosée par le nazisme, via la destruction de la majorité de ceux qui la prônaient. Après 1948, l’antisionisme ne peut plus signifier que la volonté de détruire l’Etat d’Israël. D’où la confusion très large avec l’antisémitisme. Car, même si l’on admet qu’il y a eu au départ une injustice à l’encontre des Arabes palestiniens (injustice elle-même délicate à évaluer), n’est-ce pas le cas de la plupart des Etats du monde de s’être construits sur le dos d’un ou plusieurs peuples? Pourquoi réserver au seul Israël le « privilège » de devoir en être sanctionné par son élimination pure et simple? Par contre, critiquer même durement le gouvernement israélien, rejeter telle ou telle politique (en particulier l’installation de colonies juives en Cisjordanie), ce n’est pas de l’antisionisme – et beaucoup d’Israéliens le font.

Rappelons à ce point de vue qu’Israël comporte une très importante minorité arabe (20% de la population), qui jouit de la plupart des droits de la majorité juive (parler d’apartheid n’a aucun sens), alors que plus aucune minorité juive ne peut vivre paisiblement dans un quelconque pays musulman, à l’exception partielle du Maroc.

Jean-Louis Margolin

(crédit image: https://en.wikinews.org/wiki/File:Israel_vs_Hamas.png)

10 Nov 2023


Considérations à discuter entre amis

Israël a deux problèmes.

La guerre qu’Israël doit mener et gagner contre le régime islamiste du Hamas ne doit pas lui faire perdre de vue le conflit territorial entre le peuple israélien et le peuple palestinien, car l’islamisme profite de l’absence d’un État palestinien, qu’il a lui-même rendu impossible en poignardant l’espoir né à Oslo.

Israël a pour tâche prioritaire et indiscutable de détruire ou de réduire le régime du Hamas, tout comme les Alliés devaient détruire le régime nazi.

Cela ne signifie pas éradiquer l’islamisme, qui est une idéologie conquérante mondiale et pour certaines populations, une identité aux racines religieuses et nationales.

Le nazisme et le communisme étaient des religions séculières mais pas des identités anthropologiques.

Faire renoncer massivement les musulmans à l’islamisme revanchard et conquérant prendra peut-être des siècles.

En attendant, il faut se défendre contre cet islamisme conquérant, au-dehors et au dedans de nos sociétés.

Mais Israël (et ses alliés) ont une autre tâche : proposer aux Palestiniens un avenir acceptable (un État à eux) à la condition sine qua non qu’il ne menace pas Israël de disparition.

Même si les conditions de cette solution à deux États ne sont pas réalisables aujourd’hui, l’État d’Israël pourrait proposer unilatéralement cette issue, à la condition que l’État des Palestiniens offre les garanties de ne pas devenir une menace mortelle pour l’État d’Israël ni un agresseur pour d’autres.

La première de ce ces conditions est l’existence de deux partenaires soutenant ce principe, avec les déplacements de population qu’il suppose.

Côté israélien, ce changement politique bouleversant n’est pas définitivement inenvisageable à court ou moyen terme

Côté palestinien, il faudrait un changement radical des mentalités, l’apparition d’un Nelson Mandela, et la bénédiction de certains États arabes pour le parrainer.

Mais il n’est pas nécessaire à Israël d’attendre que ces conditions soient remplies du côté palestinien pour présenter cette perspective aux Palestiniens.

À vous lire

André Senik

Faire renoncer massivement les musulmans à l’islamisme revanchard et conquérant »  n’est pas un des « deux problèmes d’Israël ». 

C’est un problème de l’Humanité toute entière — et de l’Islam lui-même pour commencer.

Le « processus » que vous évoquez prendra moins de « siècles » si   l’humanité « infidèle » ou athée le prend à bras le corps collectivement  et définit  son agenda en se concertant avec l’Islam et l’Arabe du futur : fût-ce encore confusément ou à reculons, chaque jour un peu plus de musulmans manifestent le désir de trouver leur place dans l’Humanité des Lumières, celle que l’Occident tend promouvoir à l’encontre de ses obscurantistes internes  (« réactionnaires » chrétiens, juifs, musulmans ou païens et millénaristes « progressistes » wokistes, droitsdelhommistes et marxistes conscients et inconscients).

Pour que l’Humanité non musulmane (théiste, agnostique et athée) parvienne d’abord à s’unir puis à se concerter avec les musulmans éclairés pour mieux moderniser/rationaliser l’Islam traditionnel, encore faut-il que :

a) elle se modernise/rationalise elle-même en se  défiant  des « demi-habiles » et des « demi-savants » comtistes et laïcards qui l’incitent à croire que la religion ne saurait être qu’irrationnelle et que le  moyen le plus efficace pour lutter contre l’irrationalité  religieuse est de faire de chaque croyant un athée et non de rationaliser patiemment, par le dialogue notamment, le contenu des religions traditionnelles ;

b) elle se dote des institutions adaptées à ce travail de rationalisation collectif autant que croisé.

L’Occident l’oublie facilement : l’obscurantisme athée a plus de destructions à son actif que l’obscurantisme juif ou chrétien et, à côté des Lumières matérialistes, des Lumières spiritualistes ont lui chez les Protestants comme chez les Catholiques et les Juifs qui ont contribué aux premières.

Le  retour aux Lumières dont nous avons besoin pour corriger les dérèglements de chacun sera mondial et il concernera les laïques aussi bien que les religieux ou il ne sera pas.

Jean-Pierre Airut

Cher André,

Une fois de plus, c’est toi qui a lancé le débat.

Merci.

L’heure est trop grave pour qu’on se taise et qu’on ne cherche pas des solutions à la situation actuelle au Moyen-Orient. Encore qu’il s’agira moins d’un débat en ce qui me concerne, qu’une approbation du leitmotiv de ton texte : la solution est à chercher dans la mise en place de deux Etats. Mais les problèmes posés par ce projet de deux Etats, sont immenses : la paix entre eux, et la sécurité de leurs citoyens doivent être garanties et même assurées. Sinon, l’Etat palestinien ne pourra pas être bâti aux côtés de l’Etat israélien. Il faudra donc trouver des formes de contrôles acceptés par les deux populations.

Il faut imaginer pour cela une force internationale puissante pour empêcher toute menée agressive de part et d’autre. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi – et c’est bien plus difficile à obtenir – des engagements, de part et d’autre, à ne pas développer de l’Autre une image haïssable comme c’est souvent le cas chez les Palestiniens et comme c’est le cas d’une minorité non négligeable chez les Israéliens.

Je ne crois pas qu’on puisse y parvenir rapidement. L’image du Juif est fortement négative dans le monde musulman et celui-ci, comme jadis les Etats communistes, pense par exemple définitives ses conquêtes et n’hésite pas à parler de  « terre d’Islam ». Il n’y a pas de terre d’Islam; il n’y a que des terres conquises au détriment d’une population antérieure. Et comme on ne remontera jamais à coup sûr au premier occupant, si l’on ne veut pas que le conflit  se prolonge, il faudra bien en passer par la reconnaissance légitime de l’Etat juif.

En attendant, il va falloir travailler activement à montrer que les thèses avancées par le Hamas sont ou fausses ou illégitimes, et qu’il n’est pas un adversaire des Israéliens mais une organisation  de type totalitaire, pratiquant le terrorisme, et visant, au delà de la destruction de l’Etat d’Israël, la disparition de tout Etat démocratique. Le problème est en effet mondial.

Pierre Rigoulot

24 Oct 2023


Je ne veux pas reprendre les interrogations que nous portons tous en nous : comment cela a été seulement possible? Comment la police et l’armée d’Israël ont pu être à ce point débordées ou même absentes et les services de renseignement aussi aveugles ?

Je ne le sais pas.

Et ce que je sais tient en peu de mots.

Une telle sauvagerie et un tel acharnement dans la haine supposent une vision de l’ennemi juif comme une incarnation du Mal. Ces assaillants étaient habités par une sorte d’hyper-phobie. Ils avaient conscience d’être en face non pas d’êtres humains mais de rejetons du diable. 

Du haut de leurs certitudes, les assassins ou les kidnappeurs pouvaient jouir de les éliminer.

Indéniablement nous avons assisté au plein exercice d’une pensée totalitaire laquelle déshumanise toujours une partie de l’humanité. Comme le Traître et l’Ennemi, dans l’URSS de Staline ou la Chine de Mao le gamin ou la grand-mère d’Ashkelon n’étaient pas de simples adversaires mais des infra humains qu’on balaye comme des insectes et, le plus souvent, des sur-humains maléfiques dont l’élimination hisse leurs bourreaux au rang d’exécuteurs des Grandes Oeuvres de l’Histoire ou de la Parole de Dieu.

Cette journée du 7 octobre 2023 sera pour toujours celle d’une victoire, partielle sans doute, et momentanée, mais d’une victoire quand même de la pensée totalitaire que nous combattons au nom de la démocratie et de la dignité de l’être humain.

Pierre Rigoulot

9 Oct 2023