[Point de Vue] Les quatre manquements de l’Ambassade de Chine à Paris – par Dominique Duel

Chine | OLYMPUS DIGITAL CAMERA | cnszym | Flickr

Un article du Monde en date du 19 mars 2021 nous relate qu’un journaliste-sinologue français, Alain Bondaz, (membre du FRS, Fonds de Recherche Stratégique) vient de se faire traiter publiquement de « petite frappe » par l’ambassadeur en France de la République Populaire de Chine.

On ne peut que rapprocher ce nouvel épisode de celui qui est intervenu deux ans plus tôt : Valérie Niquet (elle aussi sinologue membre du FRS) s’est alors trouvée traduite devant les tribunaux français par l’entreprise chinoise Huawei au motif qu’elle avait affirmé que Huawei était une entreprise contrôlée par l’Etat chinois, ce dont conviennent la plupart des observateurs occidentaux mais ce que Huawei et Pékin s’emploient à nier.

Par ces deux initiatives successives, Pékin en réalité commet à la fois quatre manquements : Ingérence. Intimidation. Occultation. Anti-démocratie.

INGERENCE. Pékin se permet de plus en plus nettement de pratiquer l’ingérence dans notre société, ce qui est absolument inadmissible. Au nom de quoi Pékin s’autorise-t-il à nous interdire de réfléchir publiquement et d’analyser publiquement si Huawei est contrôlée ou non par l’Etat Chinois (qui lui-même est contrôlé par le Parti Communiste Chinois) ? Au nom de quoi son ambassadeur à Paris se permet d’injurier publiquement l’un de nos spécialistes de la Chine les plus talentueux ?

INTIMIDATION. C’est d’une intimidation caractérisée dont sont victimes Valérie Niquet et Alain Bondaz. Le message subliminal qu’adresse Pékin aux sinologues français consiste à leur faire savoir qu’« ils ne seront pas les bienvenus en Chine » dès lors qu’ils entendent continuer à s’exprimer librement en France sur la Chine et sur le Parti Communiste chinois.

OCCULTATION. Si, comme Pékin semble vouloir y parvenir, seuls les journalistes sinologues français « béni-oui-oui » sont à l’avenir autorisés à séjourner sur le territoire chinois, la France se trouvera privée d’une information valable sur la Chine. Une telle volonté d’occultation de la part de la Chine est particulièrement inacceptable parce que la France, elle, laisse, à ce jour, circuler sur son territoire des journalistes de la République Populaire de Chine sans manifester d’exigences particulières à leur égard.

ANTI-DEMOCRATIE. Ces deux sinologues que Pékin cherche à intimider sont à la fois des chercheurs et des journalistes. L’agression dont ils sont l’objet est en quelque sorte le reflet même du comportement que Pékin exige (et très généralement obtient) des journalistes chinois : leur soumission totale au pouvoir politique chinois.

Ces quatre manquements sont inacceptables et doivent retenir l’attention de notre gouvernement et de notre parlement.

Dominique Duel

23 Mar 2021

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