Article journal la provence
Article du journal La Provence du samedi 5 mars 2025
Article de l’Yonne Républicaine du 3 avril 2025

Les bombardements russes sur les villes d’Ukraine se poursuivent. Ces jours derniers ils se font même plus intenses.

Quelques politiciens irresponsables acceptent cette agression contre un Etat indépendant qui ne demande qu’à se rapprocher des démocraties libérales européennes. A les entendre, l’Ukraine, comme jadis la Finlande, doit donner au contraire des gages de neutralité à Vladimir Poutine.

N’abandonnons pas l’Ukraine à ce triste sort. Qu’elle sache  que dans toute l’Europe des gens se sentent solidaires de la résistance qu’elle oppose à l’impérialisme russe. Solidaires au point de se sentir frappés eux-mêmes quand un missile s’abat sur des gens qui font leurs courses, se rendent à leur travail ou se promènent avec leurs enfants. Solidaires au point de prendre sur leur temps et leur argent pour apporter aux Ukrainiens leur aide matérielle, leur présence et pour partager, face à la brutalité d’un Etat russe avide de conquêtes et de revanches, un sentiment d’humanité commune et une liberté menacée par la barbarie.

Deux exemples parmi beaucoup d’autres : dans l’Yonne, deux associations, Kiev-Avallon et Ukraine 89, ont pris l’initiative d’envoyer le 3 avril dernier un convoi humanitaire  en direction de l’Ukraine transportant des casques de pompiers, des tenues anti-feu et du matériel médical.

Par ailleurs, l‘association SOS Ouman (du nom d’une ville située au centre du pays) que nous avait présentée notre ami Nicolas Miletitch, un de ses animateurs, a expédié également au début avril en Ukraine du matériel, médical et autre, dont ont besoin leurs amis et connaissances.

Ce courant d’aide spontané ne faiblit pas, bien au contraire. Jamais, selon un des responsables de l’association, autant de contributions financières ou matérielles ont été reçues – comme si bien des gens souhaitaient répondre avec détermination à « la volte-face de Trump », pour reprendre l’expression du journal La Provence dans un article consacré à cette aide et tout particulièrement à SOS-Ouman qui fait régulièrement l’aller-retour France-Ukraine.

Nous aussi, lecteurs d’Histoire & Liberté, nous pouvons entrer dans cette chaine de solidarité en adressant nos dons à SOS-Ouman. (Toutes les précisions pour effectuer cette opération simple  sont accessibles sur internet).

Pierre Rigoulot, le 16 avril 2025

20 Avr 2025


Lech Walesa, une des figures emblématiques de la résistance au  totalitarisme communiste, ancien leader du syndicat Solidarnosc, ancien président de la Pologne et prix Nobel de la paix en 1983,  a envoyé, avec une quarantaine d’autres anciens opposants politiques au régime communiste polonais, une lettre ouverte au président Trump. Nous pensons qu’il est important que nos lecteurs en prennent connaissance.

« Excellence, Monsieur le Président,

Nous avons suivi votre rencontre avec le président Zelenski à la Maison-Blanche avec crainte et dégoût. Il est insultant que vous attendiez de l’Ukraine qu’elle exprime sa gratitude pour l’aide matérielle des États-Unis dans sa lutte contre la Russie. Nous devons gratitude aux héroïques soldats ukrainiens qui versent leur sang depuis plus de 11 ans pour défendre les valeurs du monde libre et leur patrie attaquée par la Russie de Poutine. Comment le dirigeant d’un pays qui est le symbole du monde libre peut-il ne pas le reconnaître ?

L’atmosphère dans le Bureau ovale pendant la rencontre nous a rappelé les interrogatoires des services de sécurité et des tribunaux communistes. À l’époque, les procureurs nous disaient qu’ils détenaient tout le pouvoir alors que nous n’en avions aucun. Ils supprimaient nos libertés parce que nous refusions de coopérer ou d’exprimer notre gratitude envers le régime communiste. Nous sommes choqués que le président Zelensky ait été traité de la même manière.

L’histoire montre que lorsque les États-Unis s’éloignent des valeurs démocratiques et de leurs alliés européens, ils se mettent en danger. Le président Woodrow l’avait compris en 1917, lorsque les États-Unis sont entrés dans la Première Guerre mondiale. Roosevelt l’avait compris après Pearl Harbor en 1941, conscient que défendre l’Amérique signifiait combattre à la fois dans le Pacifique et en Europe.

Sans le président Reagan et le soutien financier des États-Unis, l’effondrement de l’empire soviétique n’aurait pas été possible. Reagan a qualifié l’URSS d’« empire du mal » et l’a affronté avec détermination. Nous avons gagné, et aujourd’hui sa statue est à Varsovie, face à l’ambassade des États-Unis.

Monsieur le Président, une aide militaire et financière ne peut être comparée au sang versé pour l’indépendance de l’Ukraine, pour la liberté de l’Europe  et du monde. La vie humaine n’a pas de prix. Nous devons être reconnaissants à ceux qui sacrifient leur sang et leur liberté, ce qui est une évidence pour nous, anciens prisonniers politiques du régime communiste sous la Russie soviétique.

Nous exhortons les États-Unis à respecter le Mémorandum de Budapest de 1994 qui établit une obligation directe de défendre les frontières et la souveraineté de l’Ukraine en échange de l’abandon de ses armes nucléaires. Ces garanties sont inconditionnelles: elles ne suggèrent nulle part que cette aide est une simple transaction économique. »

Lech Wałęsa, ancien prisonnier politique, dirigeant de Solidarité, président de la Pologne, le 3 mars 2025

7 Mar 2025


Des réactions très vives se sont aussi manifestées parmi nous. Significative de cette veine est celle de notre ami  Alain Laurent, philosophe et éditeur. La voici  – et en tout cas le débat continue.

H&L

Dans les diatribes de Trump/Musk/Vance contre une Europe mollassonne, masochistement ouverte aux submersions islamo-migratoires  (mais si prompte à réprimer la liberté d’expression de qui les critique) et si longtemps dénuée de vraie volonté de se défendre,  tout est donc loin d’être infondé ou mal venu. Et on leur reconnaîtra une salubre volonté d’éradiquer l’immonde wokisme et un soutien sans faille à Israël.

Nonobstant, cela ne saurait assurément suffire à compenser tout ce que les nouvelles et disruptives orientations de l’administration Trump comportent de profondément révoltant et inacceptable pour tout partisan de la démocratie libérale. Bien sûr il y a d’abord la trahison de l’Ukraine avec l’alignement servile de l’affairiste mafieux de la Maison blanche sur le narratif répugnant du criminel de guerre du Kremlin (« Zelinsky dictateur », la Russie n’est pas l’agresseur mais c’est l’OTAN), avec passage à l’acte (fin du soutien financier et militaire américain, injonction à la capitulation, insondable mépris pour les souffrances, le bon droit et l’héroïsme des Ukrainiens, complicité avec la Russie néo-soviétique dans le dépeçage et le pillage de l’Ukraine, fin des sanctions, votes de sordides résolutions communes  russo-américaines à l’ONU….). Mais tout cela ne prend sens que dans le contexte global d’un cataclysme géo-idéologique sans précédent : la violente et cauchemardesque conversion de la politique étrangère états-unienne au culte cynique du seul rapport de force et l’absolution totale des régimes tyranniques et impérialistes (ce qui est le cas de la Sainte Russie poutinienne qui, pour Trump, n’est ni une dictature ni un agresseur – et doit être réintégrée au G7 !!!)

De facto, les États-Unis « maga » sont donc ainsi devenus des traîtres à l’Occident (leur soutien à la vraie extrême droite pro-nazie et  nostalgique du stalinisme de l’Afd en Allemagne en est la parfaite illustration) et des ennemis non seulement économiques mais politiques de l’Europe puisque celle-ci est abandonnée aux appétits impérialistes d’une Russie avide d’en finir avec les démocraties libérales. qui la bordent  Trump ne se contente pas d’être un ingénieur du chaos mondial: avec son complice Poutine auquel il s’est désastreusement soumis, il forme désormais avec lui une monstrueuse entité maléfique :Poutrump – dont les exactions vont encore accroître le réensauvagement de la planète. Qu’il soit en outre un obscurantiste climato-négationiste,  anti-science et anti-vax agissant notoire ne fait que compléter le tableau d’un nouveau pouvoir américain composé d’un ramassis de voyous et de brutes primitives au cerveau reptilien surdimensionné qui mentent  et affabulent comme ils respirent (à l’instar de leur ami Poutine!).

Confrontés à ce désastre civilisationnel, à la destruction irrémédiable de l’Alliance atlantique et à ce règne annoncé de tyrannie planétaire d’un vampiresque duopole russo-américain, inutile de se voiler la face : les USA trumpisés nous ont déclaré une querelle non seulement commerciale mais (géo)politique et morale. Peut-on alors se contenter de faire le dos rond en attendant passivement et illusoirement que ça se passe et des jours meilleurs (exorcisme magique par déni d’une réalité dystopique!)? Et suffira-t-il que l’Europe s’engage enfin dans un réarmement militaire dont les effets ne seront pas effectifs avant 5 ans au mieux– donc trop tard ? Ne vaudrait-il pas plutôt  sans tarder entrer en résistance et même riposte actives : boycotter ce qui peut l’être du « made in USA » (ce que font déjà les revendeurs de Tesla et les Canadiens!), cessation de la fourniture principale d’armements  américains par les autres pays européens, exiger dans l’UE la mise au ban…d’Orban, le Hongrois (et de Fico, le Slovaque) ces alliés du trumpisme poutinien, marquer à la culotte en France les propagandistes décomplexés de celui-ci qui relèvent la tête (sur les réseaux sociaux et des médias comme le JDD ou C News) – et soutenir encore plus les Ukrainiens insultés et calomniés ?

Longue vie à une Ukraine indépendante et démocratique –  and shame on you for ever, Trump and C° –  God damn you !                

Alain Laurent, le 4 mars 2025

6 Mar 2025


La crise avec l’Amérique vient du fait que nous n’avons plus d’épistémologie commune. Les gens regardent la même chose et ne parviennent pas se mettre d’accord sur ce qu’ils ont vu. C’est ce qui arrive quand la liberté dérape. La liberté dérape quand il n’y a plus consensus sur les principes fondamentaux. 

Pour l’Ukraine, c’est désolant car cette anarchie ontologique — on me corrigera, je ne suis pas philosophe — est à la base de la guerre. Il ne faut pas blâmer Trump, ou Trump seul. Depuis les années 90, les gouvernements américains se trompent sur la Russie, et plus encore qu’ils se trompaient lors des divers débats portant sur la nature et les intentions de l’URSS. 

Sur ce régime, on était au moins d’accord sur le fait qu’il s’agissait d’une dictature communiste, inspirée (officiellement) par le marxisme.  On était en revanche en désaccord sur la meilleure stratégie à adopter.  Les uns disaient qu’il fallait l’amadouer — nombreux partisans de cette idée dans l’entourage de Franklin Roosevelt — les autres, par exemple l’ami de Roosevelt, l’ambassadeur William Bullitt, pensaient que l’on avait affaire à un adversaire qui ne cherchait aucunement la coexistence à long terme.

Les deux pôles sont fixes: Carter disait: « il est temps d’abandonner la crainte obsessionnelle  communisme »; Reagan, parlait,  lui, de « l’empire du mal ».  Et nous y sommes encore. J’en passe, mais Barack Obama et Hillary Clinton (en tant que secrétaire d’Etat), essayaient de ménager Poutine, tout en aidant l’Ukraine par du matériel militaire et des missions sur le terrain, mais sans envoyer de troupes en Ukraine à partir des agressions russes de 2014.

Le débat continue: la Russie peut-elle être amadouée ou non ? La politique de Biden en résulte : il condamnait l’agression et l’occupation des provinces de l’est et de la Crimée, mais ne soutenait pas assez l’Ukraine pour permettre une contre-offensive sur les territoires occupés ou pour faire craindre à Poutine la possibilité d’une participation des Américains comme en Corée.

Trump, homme du centre et pragmatique avant tout – ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas mégalomaniaque ni opportuniste – dit tout simplement : rien n’a réussi, l’Ukraine va être complètement détruite, les Européens n’en feront pas assez pour inverser le sort de la guerre.  Donc, soit on attaque la Russie avec nos division Airborne, les mêmes qui ont mené à la libération de la Normandie en 1944, soit on trouve une accord – un deal – qui apaise tout le monde, au moins pour quelques temps. L’occasion, mais c’est seulement le début, se présente grâce au minéraux qui à l’heure actuelle gisent dans le sol Ukrainien ainsi que dans le sol ukrainien occupé par l’armée russe.

C’est un peu comme le charbon et l’acier après la Deuxième guerre mondiale. Ce fut la solution de Jean Monnet, qui évoluera vers l’Union Européenne  et qui, mais rares sont ceux que s’en souviennent, consista à mettre le charbon et l’acier sous un contrôle et une institution qui bénéficièrent à l’Allemagne comme à la France. 

Zelensky est courageux et admirable, mais il n’est pas Schuman, et, certes, Poutine n’est pas Adenauer. Et Trump n’est pas Monnet, même si celui-ci était, aussi, un fameux homme d’affaire.  Mais on fait ce qu’on peut avec qui est sur la scène.

Je pense que c’est la façon la plus simple de voir les choses sur le front de l’Est.  Évidemment, cela peut complètement déraper. Poutine voudra tout prendre, mais Trump et ses successeurs pourraient maintenir un nouveau containment – avec l’aide de Macron, en particulier.  Trump, sans qu’on puisse savoir s’il en est conscient, fait ce que faisait Nixon: amadouer la Chine pour contrer l’URSS, mais dans l’autre direction. On sait ce que cela a donné, ce n’est donc pas une solution parfaite, mais comme le faisait voir Billy Wilder dans Certains l’aiment chaud, personne n’est parfait. 

Roger Kaplan, le 2 mars 2025

[Réponse]

Cher Roger,

Ton texte va susciter des remous parmi nous. Mais si nous voulons bien cerner les éléments importants de la crise actuelle, il faut que nous en parlions, de ces remous et que nous essayions de garder notre calme comme tu le fais toi-même. Calmement donc, je te dis que le cœur de ton argumentation n’est pas recevable. Jean Monnet a poussé la France et l’Allemagne sur la voie des intérêts économiques communs pour les inciter à trouver un intérêt commun au projet européen. Mais ce fut APRÈS la défaite de l’Allemagne nazie. Tu ne peux comparer les deux démocraties qu’étaient la RFA et la France avec l’Ukraine et la Russie, laquelle est l’ennemie acharnée des démocraties libérales. Poutine fonctionne comme le fit Hitler, qui se disait hier le défenseur des minorités germanophones. Lui, défend aujourd’hui les minorité russophones. Si la comparaison avec Hitler te choque, on peut parler de la Russie impériale qui au milieu du XIXème siècle prétendit à un protectorat sur les orthodoxes de l’empire turc. De la riposte est née la guerre dite de Crimée et le siège de Sébastopol par les Français et les Anglais. Combats d’empires. me diras-tu, mais nous n’en sommes plus là, justement. Nous en sommes à la défense des démocraties libérales contre l’empire russe dont il est facile de rappeler les atteintes à la démocratie et les horreurs, tout simplement.

S’agit-il pour Trump dans cette affaire, de défendre la démocratie? J’en doute: il n’y a plus de références chez lui à des régimes politiques qu’il faut défendre ou dont il faut nous protéger. La seule fois que j’ai entendu Trump esquisser une analyse politique au sujet de l’Ukraine, il disait que Zelensky était un dictateur qui ne s’affrontait pas aux électeurs !

Mes amis et moi ne réagissons pas tous de la même façon et il nous arrive de nous engueuler. Mais gommer la nature politique des régimes et ignorer qui est l’agresseur et l’agressé, que veux tu, ça ne passe pas…Le vote à l’ONU des Etats-Unis avec la Russie et la Corée du Nord, nous a tous fait mal à tous…

Mon amitié pour toi, cher Roger, est inoxydable. Mais nous traversons décidément sur le plan politique un moment difficile !

Pierre Rigoulot, le 4 mars 2025

5 Mar 2025


Triste nouvelle : pour la première fois, Israël et les États-Unis ont voté contre l’Ukraine à l’ONU. Nous résumons puis diffusons ci-dessous de larges extraits d’un intéressant article consacré à cet événement par le journal israélien Ma’ariv, signé de Rav Henri Khan et daté du 25 février.

H&L

Lundi 24 février, jour du troisième anniversaire de l’invasion russe de l’Ukraine, Israël a voté, lors de l’Assemblée générale de l’ONU, aux côtés des États-Unis, contre une résolution initiée par l’Ukraine et l’Union européenne. Cette résolution appelait à la préservation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, à la fin de la guerre que mène contre elle la Russie. 93 pays ont voté en faveur de la résolution ; 65 se sont abstenus et 18 pays ont voté contre, dont les États-Unis, la Russie, la Corée du Nord, la Hongrie, le Nicaragua, le Soudan, le Mali, les Îles Marshall, Haïti, l’Érythrée, le Niger  et Palau.

« C’est la première fois, depuis le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, que les États-Unis et Israël votent contre Kiev. Ce vote exceptionnel fait suite à la tournure dramatique prise par la politique du gouvernement américain à l’égard du conflit et aux remises en cause violentes par le président Donald Trump – adoptant  par là la position de la Russi – du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Il convient de noter qu’à la dernière minute, Israël n’était pas certain de la position que prendraient les États-Unis et s’ils voteraient vraiment contre la résolution. Israël s’est pourtant aligné sur les États-Unis.

Depuis le début de la guerre, Israël a soutenu pleinement l’intégrité territoriale de l’Ukraine, allant jusqu’à tenter de jouer les médiateurs entre elle et la Russie, lorsque, le samedi, l’ancien Premier ministre Naftali Bennett s’est rendu à Moscou pour rencontrer Poutine. Israël a soutenu l’Ukraine tout au long du conflit et l’a même aidée, principalement en fournissant du matériel de protection (casques, gilets pare-balles et masques de protection). Par ailleurs, Israël a transmis à l’Ukraine le système d’alerte « Couleur Rouge », et les deux pays ont également échangé des renseignements sur l’aide iranienne à la Russie, notamment concernant la fourniture de drones d’attaque.

Parallèlement, l’Ukraine espérait, au cours des trois années de guerre, qu’Israël intensifierait son soutien en lui fournissant également des armes offensives. Cependant, Israël s’est abstenu par crainte de provoquer la colère de la Russie, ce qui a profondément déçu les Ukrainiens. Des rapports récents ont laissé entendre qu’Israël avait transféré à l’Ukraine des systèmes de défense de type « Patriot », mais il s’est avéré qu’il ne s’agissait pas d’une aide directe, ces systèmes ayant été remis aux États-Unis, qui les ont eux-mêmes transmis à l’Ukraine. L’opinion publique ukrainienne a soutenu Israël après le massacre du 7 octobre, et, de manière générale, le pays a ressenti une solidarité profonde avec Israël.

Le président de la commission sur l’immigration, l’absorption et la diaspora, le député Gilad Kariv, a vivement critiqué le vote israélien, déclarant que « la position d’Israël contre l’Ukraine est un signe de déshonneur tant sur le plan des valeurs que sur celui de la morale. Le jour où le monde commémore le troisième anniversaire de l’attaque russe contre l’Ukraine, l’État d’Israël choisit de voter contre le côté attaqué. Il s’agit d’un échec moral et de l’adoption d’une position qui, en fin de compte, pourrait nuire à l’État d’Israël. Le monde libre doit se tenir aux côtés de l’Ukraine et ne pas récompenser, par des distinctions, un État agresseur, de manière à défendre les valeurs fondamentales de souveraineté et de démocratie. »

Rav Henri Khan, le 25 février 2025

1 Mar 2025


Alain Madelin, LFI et le RN sur l’Ukraine

L’ancien ministre de l’Économie Alain Madelin, lors d’une réunion marquant le 3ème anniversaire du Fonds Stratégique d’Investissement à la Caisse des Dépôts et Consignations, déclarait :“Si on est libéral, la priorité absolue c’est de combattre Jean-Luc Mélenchon et ses alliés” . 

C’est vrai, y compris sur la question ukrainienne. LFI avance à ce sujet un point de vue apparemment pacifiste et dit benoîtement souhaiter la paix par le chemin de la diplomatie et du dialogue. Voilà qui pourrait être respectable, à défaut d’être juste, si l’hostilité rabique du camp Mélenchon à l’OTAN et aux Etats-Unis n’éclairait d’un jour sinistre les positions de LFI vis à vis de l’Ukraine .

Il faut admettre cependant que le Rassemblement National  est  plus explicitement encore, attaché  à défendre la  brutale politique russe actuelle et les options anti-européennes, anti-américaines et anti-démocratiques de celui qui les met en oeuvre : Vladimir Poutine. .

On peut voir là une explication au fait que l’équipe d’Alain Madelin, magnifiquement solidaire de la résistance ukrainienne face à l’armée russe, s’en tienne à la seule critique du RN dans son argumentaire,  

Cet argumentaire, il nous semble utile que nos lecteurs en prennent connaissance malgré nos réticences à ne pas voir dénoncées ensemble les deux forces politiques  complaisantes envers Poutine et si ce n’est complaisantes, complices de l’entreprise impérialiste russe. 

Ce sera la premier document que nous glisserons dans notre rubrique « Archives ».

H&L

 L’ENJEU                    

La politique internationale n’intéresse guère dans une campagne législative. Pourtant, cette fois, elle constitue un enjeu existentiel. De l’issue de l’agression de Poutine contre l’Ukraine dépendront le futur des démocraties et de la France pour les décennies qui viennent.

Car Vladimir Poutine n’a pas seulement déclaré la guerre à l’Ukraine. Il mène une guerre aux démocraties et tout particulièrement à la France.

Les démocraties ne sont pas menacées pour ce qu’elles font dans leur soutien à l’Ukraine, mais pour ce qu’elles sont.

Vladimir Poutine n’a pas attendu février 2022 et la guerre en Ukraine pour s’attaquer à la France, à l’Europe et aux démocraties.

La question n’est donc pas de savoir si on veut ou si on ne veut pas la guerre : on ne veut pas la guerre. 

Elle n’est pas de savoir si on aime ou on n’aime pas la guerre : on n’aime pas la guerre.

Nous sommes impliqués dans le conflit ukrainien parce que Poutine nous fait la guerre.

CEST UNE GUERRE HYBRIDE

Ce n’est pas une guerre comme les autres.

 C’est une guerre hybride. Une guerre qui a de multiples facettes. Elle utilise tous les moyens de la déstabilisation et de l’influence : désinformation, manipulation, ingérence électorale, cyber-attaques, utilisation des réseaux sociaux, relais de tous les complotismes …

Son objectif est clairement de déstabiliser les démocraties et de semer le chaos.

Lingérence électorale

Nous l’avons vu lors des deux dernières élections aux Etats Unis et nous le voyons déjà pour la prochaine. Les preuves sont là.

Nous l’avons vu, chez nous en France dans la campagne présidentielle de 2017.

La déstabilisation des démocraties par le chaos 

Nous l’avons vu à Stockholm avec cette mise en scène d’un Coran brûlé – montée en sous-main par la Russie – qui a mis le feu dans le monde musulman et notamment en Turquie avec l’objectif éviter ou retarder l’adhésion de la Suède à l’OTAN.

Nous l’avons vu aux Etats Unis avec, par exemple, le soutien de la Russie apporté à la fois aux suprématistes blancs et à « black lives maters ». 

Nous l’avons vu encore en France avec l’hacking des hôpitaux durant la pandémie de Covid 19.

Nous le voyons en France aujourd’hui avec des étoiles de David taguées sur les murs de Paris, le tag des mains rouges sur le « Mur des justes » à l’extérieur du mémorial de la Shoah, les faux cercueils sous la tour Eiffel, toutes manipulations de la Russie.

Nous le voyons encore dans les tentatives d’ingérence de la Russie en Nouvelle Calédonie via l’Azerbaïdjan.

Nous le voyons particulièrement en Afrique où la Russie déploie tout un arsenal : mercenaires, désinformation agressive, ingérence électorale, soutien aux coups d’États…

Linfiltration et la propagande.

Tous les moyens sont bons pour obtenir des complaisances et trouver les relais de sa propagande. 

Pour cela Russie de Poutine bénéficie de l’héritage du savoir-faire du KGB.

Tous les milieux sont concernés : affaires, politiques, culture, armée, médias…

Les objectifs de Vladimir Poutine sont clairs : 

. Déstabiliser les démocraties,

. Semer les peurs et faire douter les peuples,

          . Diviser les Européens,

          . Découpler l’Europe des États-Unis,

          . Faire reculer la démocratie partout dans le monde. 

NOUS DEVONS FAIRE FACE. LA GUERRE EN UKRAINE EST NOTRE GUERRE.

En soutenant le courageux combat des Ukrainiens, nous nous battons pour le respect à la fois de la souveraineté de l’Ukraine et de l’ordre international. Nous nous battons pour la Liberté des Ukrainiens et pour la nôtre.

Pour Poutine cette « opération spéciale » ne s’arrête pas aux frontières de la Crimée et du Donbass. Elle avait clairement pour objet d’installer un pouvoir russe à Kyiv, de soumettre le peuple ukrainien et faire disparaitre l’Ukraine en la russifiant. Car pour Poutine, « le peuple ukrainien n’existe pas ».

Cette guerre et le réarmement de la Russie vont bien au-delà de l’Ukraine.

Pour Poutine « la Russie n’a pas de frontières » comme disaient ses affiches lors des dernières « élections » présidentielles. Ou encore « les frontières de la Russie sont celles de l’Union Soviétique ». 

Déjà la Moldavie est clairement menacée, de même les Pays Baltes. La Douma conteste le   décret du Conseil d’État de l’URSS « sur la reconnaissance de l’indépendance de la République de Lituanie ».

Le mot paix na pas le même sens pour les Russes et pour nous 

Poutine et ses alliés veulent défaire l’ordre international au profit d’un ordre « post occidental ». La paix, pour Poutine et ses principaux alliés – comme la Chine ou l’Iran – c’est la constitution d’un « nouvel ordre mondial post -démocratique ».

Il utilise la lutte contre les relents du colonialisme en Afrique et ailleurs pour mieux recoloniser

ceux qui sont sortis de l’emprise de l’URSS.

Le mot compromis na pas le même sens non plus.

Dans son long discours pour expliquer son agression de l’ Ukraine, Vladimir Poutine a expliqué qu’il y avait , été contraint compte tenu du refus de prendre en compte le « compromis raisonnable » sur l’OTAN, la paix et la sécurité en Europe qu’il avait présentée en décembre 2022. En fait ce «  compromis » était un ultimatum qui exigeait un recul de l’OTAN sur ses positions de 1997. C’est-à-dire de laisser sans défense la Hongrie, la Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie et les 3 pays baltes pour les faire revenir sous la coupe de Moscou.

L’agence d’information d’État, RIA Novosti, précisait d’ailleurs très clairement : « Il ne s’agit pas de propositions de discussion, mais bien d’un ultimatum — d’une demande de reddition inconditionnelle. L’Occident n’a pas d’autre choix que de perdre la face — à moins d’entrer en guerre avec la Russie ».

Voici comment Vladimir Poutine conçoit la paix et ce qu’est pour lui une « proposition raisonnable » !

LE RASSEMBLEMENT NATIONAL A MATIGNON, 

SERAIT UNE VICTOIRE POUR POUTINE.

L’arrivée à Matignon de Jordan Bardella et du parti de Marine Le Pen serait à coup sûr fêtée au Kremlin, tout comme on y avait naguère sablé le champagne pour la victoire de Donald Trump.

Car le Kremlin y voit, compte tenu des liens du Rassemblement National avec la Russie de Poutine, l’espoir de limiter l’engagement de la France en Ukraine, d’instaurer le doute sur la force et la pérennité d’un soutien efficace de l’Europe à l’Ukraine d’affaiblir le lien transatlantique.

Une longue connivence et des positions inquiétantes.

Ecartons le reproche que l’on fait souvent à Marine Le Pen d’avoir naguère fait financer sa campagne présidentielle par une banque russe. Soyons juste : le fait que le RN n’ait pas trouvé de financement pour sa campagne auprès des banques françaises n’était pas admissible. Pas davantage l’inertie de l’Etat pour réparer cette situation préjudiciable à notre démocratie. 

Il n’en reste pas moins que l’obtention d’un tel prêt auprès d’une banque russe montre l’intérêt que Vladimir Poutine porte depuis longtemps à Marine le Pen et au Rassemblement National, tout comme aux autres mouvements populistes dans les différents pays européens. 

Cela faisait partie d’une longue stratégie de Poutine dont on peut constater aujourd’hui les effets.

Marine Le Pen, la Russie et Poutine.

Dans toutes ses campagnes électorales récentes, l’expression publique du RN et de ses dirigeants se concentre (avec un certain succès) sur le court terme et la politique intérieure (insécurité, immigration, montée des intégrismes, pouvoir d’achat, échec des politiques publiques des gouvernements passés ou présents). 

Marine Le Pen et Jordan Bardella parlent peu et souvent de manière elliptique des grands enjeux internationaux et géopolitiques. Les ambiguïtés de leurs positions et de leurs votes en la matière lissent à masquer le caractère inquiétant des idées qui les animent sur des questions fondamentales aujourd’hui.

Qu’on en juge :

Marine Le Pen préfère la Russie aux États-Unis.

« La France a plus d’intérêts communs culturels et stratégiques avec la Russie qu’avec les Etats-Unis ». Interview au journal russe Kommersant en 2012.

Marine Le Pen « admire Poutine ».

« Je ne cache pas que, dans une certaine mesure, j’admire Vladimir Poutine ». Idem

Quand Marine Le Pen pensait que la démocratie de la Russie de Poutine était plus libre que la démocratie en France.

« Rien ne permet d’affirmer du point de vue constitutionnel que la Russie n’est pas une démocratie. Le ton de la presse d’opposition est bien plus libre et virulent à l’égard de Poutine qu’elle ne l’est en France à l’égard de Sarkozy ».

Quand Marine Le Pen défendait lagression et lannexion de la Crimée par la Russie de Poutine.

 « La Crimée a été russe pendant deux siècles. Elle a été ukrainienne pendant 80 ans donnée par un dictateur sur un coup de tête, un caprice. Les habitants de la Crimée se sont exprimés librement et ont choisi d’être attachés à la Russie ». 

Quand Marine Le Pen se rangeait aux côtés de la Russie accusée davoir abattu avec les séparatistes ukrainiens pro-russes un avion de la KLM -Malaysia Airlines.

En juillet 2014, Marine Le Pen se refusait à « accuser les séparatistes du Donbass et même la Russie et à exonérer les forces armées ukrainiennes ». C’est-à-dire l’exact mensonge de Moscou d’alors.

Quand Marine Le Pen défendait lenvoi darmes françaises… à la Russie.

Après la première agression de la Russie contre l’Ukraine, en septembre 2014, quand le président Hollande a courageusement annulé la livraison du porte-hélicoptères Mistral à la Russie, elle affirme : « il s’agit d’une soumission à la diplomatie américaine ».

La preuve par Mariani.

Thierry Mariani, ancien ministre républicain, est un des plus visibles agent d’influence de la Russie en France.

Il n’a jamais été désavoué par la direction du Rassemblement national dans ses propos et dans son action ouvertement pro Poutine. Au contraire, il était en bonne position sur la liste pour les élections européennes (9ème ).

C’est pourtant lui qui estimait « quil ny a quun chef d’état valable en Europe : Poutine ».

Ou encore : « La France a besoin des Russes qui défendent la civilisation européenne »

L’argument de la défense de la civilisation européenne est souvent invoqué à droite. Pourtant Poutine a pour proches alliés la Chine, l’Iran ou la Corée du Nord. Ils défendent ensemble un ordre mondial post occidental fondé sur d’autres valeurs que la démocratie.

Poutine envoie sur le ukrainien des soldats Tchétchènes qui tuent et massacre des chrétiens au nom de Allah Akbar. Il soutient les terroristes du Hamas et vient de reconnaître les talibans.

Curieuse défense de la civilisation chrétienne occidentale !

En 2016, Mariani estime que la France s’est placée au niveau des « laquais de la politique américaine », que « la France fait un copié collé de la politique belliciste américaine » (RT France 11 octobre 2016).

Infatigable admirateur d’Assad, il a été reçu six fois à Damas pour servir la propagande du régime syrien et de son allié russe.

Un autre détail qui en dit long. La fille du porte-parole de Poutine, Dimitri Peskov a été, au Parlement européen, la collaboratrice stagiaire d’Aymeric Chauprade, ex-conseiller de Marine Le Pen, quand celui-ci était député européen.

L’ambiguïté tactique actuelle du RN à propos de la Russie de la guerre en Ukraine est la même que celle qu’elle nourrit à l’égard de l’Europe et de l’union européenne.

Certes, Bardella et Le Pen ne parle plus de Frexit ou de sortie de l’euro, mais nombre de leurs propositions conduise à la mise en cause des traités européens, de la Cour de Justice de l’Union Européenne et de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, au risque d’une crise et d’une division de l’Europe, pour le plus grand plaisir du Kremlin.

Les positions hypocrites du Rassemblement National aujourdhui doivent être démasquées.

Aujourd’hui bien sûr les dirigeants du Rassemblement National sont plus prudents. En apparence, ils condamnent l’agression russe et affichent une position de soutien à l’Ukraine. 

Mais… 

Sils disent aujourd’hui, en paroles, condamner l’agression de la Russie cela se voit beaucoup moins dans les actes, comme le montre les votes du RN au Parlement européen.

Lorsque l’on ne regarde que les votes « contre » (en faisant l’impasse sur toutes les abstentions), on constate à quel point les députés de Marine Le Pen ont joué les soutiens de Poutine :

  2019 :

– Résolution contre le fait de traiter la Russie comme partenaire stratégique. Contre.

– Résolution condamnant les violations des droits de l’homme en Russie. Contre

– Résolution condamnant la loi russe sur les « agents de l’étranger ». Contre.

  2020 :

– Résolutions pour une lutte européenne contre les menaces russes sur la sécurité de l’Europe et les ingérences. Contre.

– Résolution contre l’empoisonnement de Navalny ainsi que contre le coup de force de Loukachenko en Biélorussie. Contre

  2021 :

– Résolution condamnant l’arrestation la détention de l’opposant russe Pivovarov. Contre

– Résolution appelant au retrait des forces russes accumulées à la frontière ukrainienne. Contre

– Résolution condamnant la fermeture de Memorial et la répression des organisations de la société civile par la Russie. Contre. 2021. 

– Résolution approuvant soutien financier à l’Ukraine. Contre

Après la mort tragique de lopposant Alexeï Navalny en Sibérie, le président du Rassemblement National Jordan Bardella a écrit sur X « Navalny est mort dans la prison de l’Arctique où il purgeait une peine de 19 ans pour son opposition au régime. C’est une nouvelle tragique pour tous les défenseurs des droits humains et des libertés fondamentales ». Poutine ? Connais pas.

Certains se sont pressés de rappeler qu’en avril 2021, le RN vote contre la résolution demandant la libération de Navalny, 

– en février 2023, le RN s’abstient sur la résolution dénonçant les conditions de détention de Navalny, 

en avril 2023, le RN s’abstient sur la résolution dénonçant la répression de Navalny.

À lAssemblée nationale lors du vote sur laccord bilatéral conclu entre la France et lUkraine, le Rassemblement National sest abstenu malgré ses bonnes paroles de soutien à l’Ukraine (les Insoumis et le Parti Communiste ont voté contre).

De quelle paix le Rassemblement National parle-t-il ?

Ils disent vouloir la paix en Ukraine. Mais qui ne la veut pas ?

La question cest de savoir comment obtenir cette paix.

Parler de la priorité à donner à la voie diplomatique ? C’est se donner le beau rôle et n’engage pas à grand-chose. La question est ce que l’on fait maintenant et les engagements que l’on prend vis-à-vis de l’Ukraine si Poutine mène une guerre d’usure.

Est-ce un cessez-le-feu ? Ce serait accepter une situation de fait dans laquelle quatre oblasts ukrainiens et la Crimée ont été d’ores et déjà annexés par la Russie de Poutine. Ce serait accepter la russification de force de ces territoires ukrainiens, la déportation des enfants (pour laquelle Vladimir Poutine a été inculpé par la Cour Pénale Internationale), l’élimination impitoyable de l’administration ukrainienne, des intellectuels, des journalistes, et des familles suspectées de sentiments pro ukrainiens.

D’ailleurs Poutine ne veut pas de cessez-le-feu. Quand il en parle, pour se donner le beau rôle, il l’assorti de conditions inacceptables comme l’abandon définitif des territoires occupés et même le retrait des troupes ukrainiennes de territoires supplémentaires ! 

Poutine affiche toujours l’objectif de prendre Kyiv et Odessa tout comme celui d’abattre le gouvernement « nazi » de Zelenski.

Vouloir vrai la paix aujourdhui, cest tout faire pour aider les Ukrainiens, empêcher larmée russe davancer en continuant à bombarder les villes dUkraine et les populations civiles. Cest prendre lengagement de soutenir lUkraine aussi longtemps quil le faudra pour montrer à Poutine quil ne gagnera pas cette guerre.

Le Rassemblement National entend rogner le soutien de la France à lUkraine.

Comme il ne peut le faire franchement, il se prépare à le faire hypocritement.

Que disent-ils ?

D’accord, d’accord, la Russie de Poutine a agressé l’Ukraine.

D’accord, d’accord, il faut aider l’Ukraine.

Mais, il faut le faire avec prudence.

De

– Il faut éviter une 3ème guerre mondiale nucléaire.

– Il faut éviter l’escalade, limiter la portée des armes que nous livrons.

– Il ne faut pas que nous puissions être considérés comme cobelligérants. Donc il ne faut pas envoyer de militaires français en Ukraine.

Le Rassemblement National joue sur les peurs

Ces arguments portent sur une partie de l’opinion française.

Dans un face-à-face sur LCI où l’on interrogeait des électeurs du Rassemblement National, il y avait le témoignage d’une femme émue qui disait « je vote pour le Rassemblement National parce que jai peur de la guerre nucléaire, peur que lon envoie nos enfants faire la guerre en Ukraine ».

Il faut répondre sur ces trois points.

Pour Vladimir Poutine larme nucléaire est surtout une arme de propagande. Poutine, suivi par la propagande russe hystérique, agite en permanence la menace nucléaire, car il sait qu’elle fait peur à l’opinion occidentale. Il faut savoir en tenir compte. Mais il faut savoir aussi que l’arme nucléaire est dans toutes les doctrines militaires – y compris la doctrine russe – une arme que l’on utilise que lorsque les intérêts vitaux d’un pays sont menacés. Tel n’est pas le cas de la Russie. Son existence même n’est menacée par personne. Ni par les ukrainiens, ni par l’OTAN. Il n’y a aucun prétexte, ni aucune raison militaire, pour la Russie d’utiliser une arme nucléaire, fusse-t-elle tactique.

La rupture du contrat implicite conclu entre toutes les puissances nucléaires et de réserver son utilisation à une menace existentielle. La rupture de ce contrat mettrait durablement la Russie au ban des nations. La Chine a mis en garde la Russie. Les Américains ont expliqué quelle seraient leur riposte, une riposte conventionnelle qui détruirait une large partie de l’armée russe en guise d’avertissement.

Nous aidons seulement les Ukrainiens à se défendre, souvent trop peu et trop tard par rapport à l’escalade de l’offensive russe.  L’aide militaire légitime (au regard du droit international) que les alliés apportent à l’Ukraine est exclusivement une aide défensive qui ne fait que suivre l’escalade russe.

Rappelons que la Russie a non seulement violé les règles du droit international sur la souveraineté des Etats, mais encore un engagement plus spécifique dans lequel la Russie s’engageait à respecter les frontières ukrainiennes. Il s’agit du « mémorandum de Budapest » concernant le désarmement nucléaire de l’Ukraine (et aussi de la Biélorussie et du Kazakhstan). La Chine et la France se joindront un peu plus tard à ce mémorandum.

Avec la chute de l’URSS, l’Ukraine s’est retrouvée avec un parc nucléaire considérable. Environ le tiers de celui de l’URSS. L’Ukraine acceptait de se défaire de son énorme stock d’armes nucléaires en échange de cette garantie de sécurité.

On peut donc dire que les pays signataires de cet accord pourraient se réclamer d’un droit à le faire respecter.

 – Le mot de « cobelligérance » est utilisé pour faire peur. Il n’a pas de signification très précise en droit international. L’Allemagne et la Russie qui attaque ensemble la Pologne en 1939 constitue une cobelligérance. Livrer des armes ce n’est pas de la cobelligérance. En revanche, si des avions américains pilotés par les militaires américains se battaient contre les avions russes, on pourrait dire que nous entrerions dans une forme de cobelligérance. 

Le président Macron n’a jamais proposé d’envoyer des soldats français se battre en Ukraine. Il a seulement voulu rendre visibles, et peut-être d’amplifier – sans doute dans le but de dissuader –les aides techniques que différents pays apportent déjà à l’Ukraine depuis longtemps.

CE QUE SIGNIFIERAIT LABANDON DE LUKRAINE.

La France joue un des premiers rôles en Europe. Son désengagement même très partiel serait source d’une grave crise de confiance en Europe.

Si le barrage aux ambitions de Poutine devait céder, si nous devions voir l’Amérique regarder ailleurs, si nous abandonnions ainsi nos valeurs morales et nos valeurs démocratiques, qui pourrait encore faire confiance à l’Occident et aux démocraties ?

Voilà qui encouragerait Poutine et ses amis à se lancer dans de nouvelles conquêtes devant un Occident si faible et si divisé.

L’arme nucléaire jusqu’à présent a servi de dissuasion. Mais désormais pour Poutine, elle a aussi servi de parapluie pour mener une guerre d’invasion. Voilà qui servira d’exemple et qui encouragera bien d’autres pays à se doter d’un armement nucléaire.

Si nous voulons un monde plus sûr, si nous pensons qu’il faut défendre et protéger nos valeurs démocratiques, ne pas abandonner l’Ukraine et détricoter la solidarité européenne, il faut dire maintenant ses quatre vérités au Rassemblement National.

Faire face pour défendre notre souveraineté, la souveraineté de l’Ukraine et non la souveraineté agressive de la Russie.

Ceux qui sont tentés par le vote Rassemblement National doivent prendre conscience qu’on ne peut se dire « patriote » en France en étant à ce point inféodé à la Russie de Poutine.

(Cette fiche a été rédigée au mois de juin 2024, alors que le succès écrasant du RN aux législatives semblait acquis).

15 Juil 2024


Le « N’ayez pas peur ! » posthume d’Alexei Navalny

L’auteur, Yves Hamant, a vécu cinq ans à Moscou où il était attaché culturel à l’ambassade de France. Il fut le relais clandestin entre le couple Soljenitsyne, exilé en Occident, et le Fonds d’aide aux prisonniers politiques et à leurs familles, financé par les droits d’auteur de L’Archipel. Rentré en France, Yves Hamant a conservé de nombreux liens avec la Russie.

Histoire & Liberté

I – Non, il n’osera pas !

Jusqu’au bout, me suis-je dit en janvier 2021, non, il n’osera pas.

Jusqu’au bout, me suis-je dit, non, elles n’oseront pas.

Si, il a osé. Navalny est rentré à Moscou.

Si, elles ont osé : les autorités russes l’ont arrêté dès son arrivée.

Il ne pouvait pas ne pas s’attendre à la probabilité, sinon l’éventualité de ce qui lui est arrivé. Aussi, aujourd’hui, beaucoup n’arrivent pas à comprendre. Pourquoi n’est-il pas resté en Occident et n’a-t-il pas continué son combat de l’extérieur ? Exaltation, inconscience ? Un fol en Christ, a-t-on avancé en ressortant les clichés sur le mysticisme russe, l’âme slave, la Sainte Russie. En réalité, le fol en Christ est une variante de bouffon du roi qui peut dire toutes ses vérités au tsar et, précisément, le tsar n’ose pas le tuer.

Point du tout. Navalny était un homme politique. Il a compris que son action ne pouvait être crédible si elle était menée de l’extérieur, aussi a-t-il décidé de rentrer en mettant en jeu sa liberté et sa vie. C’est la portée éthique de son engagement qui m’a touché alors. J’y ai vu un jalon dans l’histoire de la Russie post-soviétique. L’irruption d’un acte éthique dans la vie politique faisant écho d’une certaine manière à la manifestation de quelques dissidents soviétiques sur la place Rouge le 25 août 1968 après l’invasion de la Tchécoslovaquie. Ou à l’appel lancé par Soljenitsyne après la publication de l’Archipel du Goulag en décembre 1973 à « vivre sans obéir au mensonge »[1].

En Occident, et particulièrement en France d’après ce que je peux observer, sa mort a beaucoup touché, plus encore que l’invasion de l’Ukraine en 2022. Et plus encore que sa mort, le fait que les autorités aient attendu 15 jours pour rendre son corps à sa mère. Pourquoi, alors que l’on peut voir la guerre à la télévision chaque jour ? Sans doute parce que nous n’arrivons pas à nous identifier aux victimes des bombardements, des massacres, tandis que nous serons tous confrontés un jour ou l’autre à la perte d’un proche et à la nécessité de « faire notre deuil ». Que la famille de Navalny ait été empêchée de « faire son deuil » a été insupportable et a montré le sadisme du régime poutinien, a encore mieux fait appréhender son caractère criminel que l’invasion de l’Ukraine en 2022. Un média russe a pu écrire que par sa mort Navalny avait rendu un service posthume à Zelensky au moment où celui-ci effectuait une tournée en Europe pour convaincre les Etats occidentaux de lui livrer les armes dont il avait besoin.

Parmi les opposants russes, Alexeï Navalny appartient à une génération intermédiaire, entre les anciens (Grigori Iavlinski, Boris Nemtsov), qui ont été associés à la perestroïka, et les jeunes (Vladimir Kara-Murza, Ilia Iachine), qui, par leur âge, n’ont pu s’éveiller à la vie politique qu’après la chute de l’URSS. Sa jeunesse a encore été très ancrée dans l’univers soviétique. Cela ressort particulièrement de la façon dont il raconte comment il a embrassé la foi chrétienne orthodoxe : il s’est présenté comme un croyant post-soviétique typique, auparavant athée tellement enragé qu’il aurait été prêt à attraper par la barbe le premier curé venu[2]. Cette remarque pourrait s’appliquer à l’ensemble de son expérience, une expérience de « dé-soviétisation » en quelque sorte. Et tout son parcours révèle un homme capable d’évoluer, d’apprendre, une intelligence, une volonté, un humour, une force vitale, une énergie communicative.


[1] Yves Hamant, « Le “N’ayez pas peur d’Alexeï Navalny !” », sur le site de La Vie, 23/01/2021, https://www.lavie.fr/idees/debats/le-nayez-pas-peur-dalexei-navalny-70583.php
Laure Mandeville, « Le courage et la vérité : le choix soljenitsynien d’Alexeï Navalny », Le Figaro, 29/01/2021.
[2] https://www.opendemocracy.net/en/odr/akunin-navalny-interviews-part-i/

Photo: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Alexey_Navalny_in_2020.jpg

II. A la recherche de sa voie [1]

Le père de Navalny est originaire d’un village de la région de Tchernobyl, en Ukraine, il est entré à l’Académie militaire de Kiev et a fait carrière dans l’armée en recevant toutes ses affectations à travers le territoire de l’actuelle Fédération de Russie. Il a souvent déménagé, emmenant avec lui sa femme et ses enfants dans le monde clos de ces cités militaires soviétiques isolées de l’extérieur, avec leurs magasins, leurs cliniques et leurs écoles. Le jeune Navalny a dû passer son enfance dans une atmosphère marquée par le « patriotisme militaire » soviétique, néanmoins tempéré par le souvenir familial de la catastrophe de Tchernobyl et des dispositions des autorités pour la cacher. Sa mère, née près de Moscou, a fait des études de comptable. C’est une femme de tête et, quand l’économie s’est effondrée à la chute de l’URSS, elle a entrepris de tresser des paniers en osier et est allée les vendre, avec succès, au bord de la chaussée, en compagnie de son mari, qui l’a très mal vécu. Si vous avez parcouru la Russie dans les années 1990, vous vous souvenez du spectacle de ces gens alignés au bord des routes et vendant ce qu’ils pouvaient pour survivre.

A l’âge de 17 ans, en 1987, Alexeï est entré dans une faculté de droit à Moscou, mais, à la sortie, comme beaucoup de ses congénères, il a plutôt cherché sa voie dans le commerce. Il a d’abord rejoint l’entreprise familiale de tressage de paniers, puis a créé avec son frère cadet ses propres petites entreprises, tout en suivant par correspondance l’enseignement d’une faculté d’économie. Une dizaine d’années plus tard, grâce à une bourse obtenue avec la recommandation d’un économiste russe de renom, il poursuivra sa formation économique durant un semestre à l’université de Yale aux Etats-Unis (et par la même occasion, perfectionnera sa pratique de l’anglais).

En 1998, au cours de vacances en Turquie – c’était le luxe que l’on s’offrait à l’époque quand on avait gagné un peu d’argent en ces année-là, la Turquie faisait alors figure d’Eldorado – il a fait la connaissance de Ioulia, du même âge que lui, diplômée en économie. Il a raconté qu’il avait eu le coup de foudre pour elle et, deux ans plus tard, ils se mariaient[2]. C’était un couple fusionnel et Ioulia participera étroitement à toutes les activités d’Alexeï. Ils eurent deux enfants. Navalny a confié que leur naissance avait marqué un tournant dans sa vie, lui avait fait prendre conscience de ses responsabilités. Il découvre la foi chrétienne orthodoxe, devient un pratiquant sincère, mais sans rigorisme, ouvert aux autres confessions et religions, étudie la Bible et le Coran. Jamais il ne fera de ses convictions religieuses un atout politique.

C’est au même moment qu’il s’engage en politique. En 2000, il s’inscrit à Iabloko, parti qui s’est formé dans les années 1990 avec un programme de démocratie politique et d’économie libérale tout en s’opposant à Boris Eltsine. Il a eu son heure de gloire et, sous la houlette de Grigori Iavlinski, il conserve alors tout son prestige, bien qu’il soit en déclin. Navalny y déploie son talent d’organisateur et sa capacité à mobiliser les jeunes, dont il partage les codes. Déjà il s’attaque à la corruption : sans-doute en a-t-il déjà perçu les effets en tant que chef de petites entreprises. Comme d’autres, il cherche son cap politique. Alors, de nombreux partisans de la démocratie ont soutenu l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir, sans se formaliser de sa promesse d’aller « buter les terroristes (tchétchènes) jusque dans les chiottes » ni de son peu de cas des marins engloutis dans le naufrage du Koursk. Plus tard, il s’en voudra amèrement de les avoir suivis.


[1] Sur la biographie de Navalny, voir son site :
https://navalny.com
Les différents films qui lui ont été consacrés.
Ses entretiens avec l’écrivain Boris Akounine :
https://www.opendemocracy.net/en/odr/akunin-navalny-interviews-part-i
https://www.opendemocracy.net/en/odr/akunin-navalny-interviews-part-ii
https://www.opendemocracy.net/en/odr/akunin-navalny-interviews-part-iii
On peut aussi extraire des informations factuelles de la masse d’articles destinés à le dénigrer dans les médias russes.

[2] https://sobesednik.ru/politika/20201130-lyubov-vyvela-navalnogo-iz-kom?ysclid=lu9kvlegm5663702519

III. Le sandwich qui ne passe pas

Navalny, tout en s’engageant dans la voie démocratique, n’est pas insensible au discours identitaire entendu dans son enfance et se rend compte de son emprise sur une partie de l’opinion. Il se rapproche de figures de ce courant, devenues odieuses aujourd’hui, tel Zakhar Prilepine, et se laisse aller à traiter les Caucasiens de Russie de « cafards » : il aura beau s’excuser, cette insulte xénophobe lui sera indéfiniment reproché. Cela lui vaudra d’être exclu de Iabloko en 2007. Il est vrai qu’auparavant, Navalny s’était opposé à l’inertie des dirigeants du parti. Par la suite, il participera parallèlement à des manifestations de protestation contre les atteintes à la liberté d’expression et la falsification des élections et à des « marches russes » : on y scande que « ça suffit de nourrir le Caucase », c’est-à-dire que la Tchétchénie reçoit trop de subventions et l’on y dénonce l’afflux d’immigrés venus des anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale.

En 2008, de nouveau de manière grossière, il soutient l’intervention russe en Géorgie en accusant le président géorgien Mikheil Saakachvili de l’avoir provoquée[1]. Par la suite, il affirmera sa foi dans un heureux avenir européen pour la Géorgie et, du fond de sa colonie pénitentiaire, demandera la grâce de Saakachvili, agonisant en prison après toutes sortes de péripéties[2].

A partir de 2011, il s’attaque au monopole du parti « Russie unie » sur tous les organes élus du pouvoir et lance un slogan qui fait mouche en le désignant comme « le parti des filous et des voleurs ». En 2013, il se présente à l’élection du maire de Moscou : coup de tonnerre, il arrive en seconde position et, selon les résultats affichés, il obtient 27% des voix après le candidat du pouvoir, Sergueï Sobianine, avec 51%. Dès lors, les autorités lui imputent toutes sortes de délits pour le traîner en justice, notamment pour une escroquerie supposée aux dépens de la filiale russe de la société Yves Rocher.

En 2014, des journalistes lui demandent quelle forme de régime il préconise pour la Russie. Si de nombreux politologues considèrent qu’un pays aussi vaste nécessite un régime présidentiel fort, lui se prononce pour une république parlementaire[3] aussi décentralisée que possible : le régime actuel est fédéral sur le papier, mais totalement unitaire dans les faits et toutes les décisions viennent d’en haut (la « verticale du pouvoir »). Ils l’interrogent sur la Crimée, qui vient d’être annexée à la Russie. La retournerait-il à l’Ukraine s’il devenait président ? Et lui de répondre avec sa gouaille habituelle dans une répartie malheureuse : « ce n’est pas un sandwich au saucisson que l’on peut se passer et se repasser[4] ». Il considère que, pour l’instant, de facto la Crimée fait partie du territoire russe, mais que, lorsque les conditions seront réunies, il faudra demander leur avis aux habitants et organiser un vrai referendum. Il ne doute pas du résultat, qui sera douloureux pour les Ukrainiens, mais les libèrera du poids d’une population freinant leur développement par son conservatisme et son orientation pro-russe. En revanche, il se prononce sans hésitation contre l’occupation du Donbass et appelle la Russie à cesser de financer la guerre. Cette guerre est entretenue par Poutine pour empêcher l’Ukraine de se moderniser, de se diriger vers l’Europe, Poutine cherche à démontrer que la révolution du maïdan contre des dirigeants corrompus ne peut conduire qu’à la guerre civile. Il est remarquable que Navalny l’ait relevé, bien avant que Poutine n’ait fait comprendre qu’il ne voulait pas d’une Ukraine apparaissant comme un contre-modèle pour la Russie[5]. Navalny estime tout au contraire que la Russie a tout intérêt à ce que l’Ukraine soit un Etat prospère.


[1] https://navalny.livejournal.com/274456.html
[2] a-navalnyy-prizval-vlasti-gruzii-otpustit-saakashvili-iz-tyurmy-na-lechenie?ysclid=lu49kg8x15365914637
[3] Le plaidoyer de Navalny pour la démocratie parlementaire relève d’une véritable réflexion politique que l’on lui dénie souvent et rejoignant par exemple l’essai de Juan J. Linz, Presidential or Parliamentary Democracy: Does It Make a Difference? Juan J. Linz, grand spécialiste des régimes autoritaires et totalitaires, ainsi que des « transitions démocratiques », s’est efforcé de démontrer que la démocratie parlementaire était plus favorable à la démocratie que les régimes présidentiels, qui ont tendance à virer à l’autoritarisme.
[4] https://www.youtube.com/watch?v=2czpumACjsM
[5] Yves Hamant (entretien avec), « Le poutinisme, phénomène multifactoriel », Esprit, mars 2022. https://esprit.presse.fr/actualites/yves-hamant/le-poutinisme-un-phenomene-multifactoriel-43913

IV. Le combat singulier contre Poutine

Navalny jette toutes ses forces dans la dénonciation de la corruption, elle est endémique et touche un jour ou l’autre tout habitant du pays. Il a le génie d’élaborer et de diffuser sous forme d’émissions vidéo sur youtube des enquêtes approfondies mêlées d’humour sur la corruption des dirigeants : elles lui vaudront la célébrité.  Plus encore, il constitue tout un réseau d’équipes participant à cette tâche à travers tout le pays, ce qu’aucun parti hors système n’avait réussi à faire. Désormais, il est l’ennemi N°1 du pouvoir et Poutine lui vaut une haine personnelle implacable.

En 2018, il tente de se présenter aux élections présidentielles, après une campagne à l’américaine entamée longtemps à l’avance avec des équipes de campagne et des meetings à travers tout le pays. Ses supporters sont régulièrement interpelés, condamnés à des amendes et des peines de détention administrative. Lui-même est agressé – on lui jette un acide au visage – et il passe en tout 60 jours en détention. Il réunit néanmoins les 300 000 signatures exigées d’un candidat sans parti, mais la commission électorale refuse finalement de l’enregistrer sous prétexte qu’il est sous le coup d’une peine avec sursis infligée pour détournement de fonds.

La voie électorale apparaissant désormais définitivement fermée, Navalny lance la stratégie de « vote intelligent » consistant, lors des élections ultérieures, à voter pour n’importe quel candidat plutôt que le candidat du pouvoir et en choisissant au cas par cas parmi ceux qui sont les plus acceptables (disons les moins pires !).

En 2020, les évènements s’enchaînent. Il effectue une enquête sur la corruption en Sibérie. Dans le vol du retour, de Tomsk à Moscou, il est subitement pris de malaise. L’équipage décide d’atterrir à Omsk pour le faire conduire à l’hôpital. Ses proches obtiennent qu’il soit transporté à Berlin pour être soigné : les médecins découvrent qu’il a été empoisonné par un agent neurotoxique extrêmement puissant, le maintenant célèbre novitchok. Contre toute attente, il se rétablit. Le journaliste Christo Grozev entre en contact avec lui, il appartient à l’ONG Bellingcat qui effectue des enquêtes époustouflantes à partie d’open sources et des réseaux sociaux. Avec cette aide, Navalny piège et couvre de ridicule les hommes du FSB chargés de l’empoisonnement : en se faisant passer pour un cadre du FSB, Navalny entre directement en communication téléphonique avec l’un d’eux, qui lui révèle tous les détails de l’opération. Il en sort une vidéo visionnée des millions et des millions de fois[1]. Navalny décide de rentrer en Russie et est arrêté dès sa descente d’avion. Au moment de son arrestation, son équipe lance sur le net une nouvelle enquête vidéo, cette fois sur un palais que Poutine s’est fait construire au bord de la mer Noire : nouveau retentissement mondial.

Son succès aux élections municipales de Moscou en 2013, sa dénonciation de la corruption, sa popularité faisaient de Navalny un opposant insupportable pour Poutine, qui l’a fait placer sous une étroite surveillance. Navalny pensait que sa notoriété le protégerait, que l’on n’oserait pas l’éliminer et quand on a découvert qu’il avait été empoisonné, il a eu du mal à le croire.

Or Poutine est guidé par le « code d’honneur » des « voleurs dans la loi », autrement dit de la mafia, par son expérience d’agent du KGB, la paranoïa et l’hubris d’un dictateur enfermé dans son bunker[2]. Il obéit à sa propre logique, déconcertante et contradictoire. Il assène cyniquement les mensonges les plus énormes en ne pouvant pas ignorer que ses interlocuteurs savent qu’il ment, mais en même temps, il est très soucieux de son image dans l’opinion, y compris dans l’opinion internationale. Enfin, nous prêtons à ses services secrets une omniscience, une toute puissance et une efficacité qu’ils n’ont pas, si bien que nous n’admettons pas qu’ils puissent connaître des ratés et que, s’il en survient, nous les expliquons par de savants calculs machiavéliques.


[1] Documentaire réalisé par Daniel Roher, sorti en 2022. Oscar du meilleur film documentaire en 2023. https://navalny-film.io/ Doublé en français et visible sur France 5 jusqu’au 17 mai 2024 : https://www.france.tv/films/longs-metrages/5802426-navalny.html
[2] Yves Hamant, « L’argot chez Poutine : marqueur d’un “code de vie” », in G. Ackerman et S. Courtois (dir.) Le livre noir de Vladimir Poutine, Paris, Laffont-Perrin, 2022, p. 107-119.

V. La vengeance du « parrain »

La tentative d’empoisonnement ayant échoué, Poutine a-t-il préféré se débarrasser de Navalny en le laissant partir en Allemagne, ce qui n’excluait peut-être d’ailleurs pas de l’éliminer à l’étranger ? De son retour en Russie à sa mort, Navalny a été balloté de la prison en colonies pénitentiaires à régime sévère et régulièrement enfermé au cachot. En décembre 2023, on est resté sans nouvelles de lui pendant plusieurs semaines. On a retrouvé sa trace le 25 décembre dans la colonie de redressement à régime spécial du village de Kharp à 60 km au nord du cercle polaire à environ 100 km à vol d’oiseau de Vorkouta, un des lieux emblématiques du Goulag. Ce camp est renommé pour la dureté de ses conditions de détention, notamment liées au froid, et ses difficultés d’accès. Il s’agissait d’abord de couper Navalny de ses contacts et à peu près en même temps, trois avocats qui l’avaient défendu ont été incarcérés, coupables d’avoir fait passer ses lettres à l’extérieur. Ne s’agissait-il pas aussi de le faire mourir de mort lente pour la satisfaction sadique du chef du Kremlin de le voir souffrir (ce que l’on appelle en allemand la Schadenfreude) ? Que le corps épuisé de Navalny ait brusquement lâché n’est pas une hypothèse à éliminer. On ne peut pas non plus écarter celle d’une brimade qui aurait mal tourné. Sinon, quel signe aurait voulu donner Poutine en le faisant éliminer précisément un mois avant l’élection présidentielle ? Sa mort annoncée à cette date le 16 février semble avoir plutôt embarrassé les autorités. Leurs atermoiements pour rendre le corps à la famille peuvent s’expliquer par le temps nécessaire pour effacer les traces d’une action externe, mais aussi par le souci d’éviter que ses obsèques ne coïncident avec le grand discours annuel de Poutine fixé pour cette année au 29 février. Il a fallu toute la ténacité de sa mère, sa résistance aux pressions et au chantage pour que les obsèques de Navalny aient finalement lieu le lendemain, vendredi 1er mars, à Moscou, qu’elles soient célébrées dans la paroisse qu’il fréquentait et qu’il soit inhumé dans un cimetière à proximité. Malgré le bouclage du quartier empêchant d’accéder à l’intérieur, les caméras de surveillance, et la présence policière n’ont pas dissuadé la foule de venir lui rendre hommage.  Post-mortem, Navalny a réuni aussi bien des fidèles de l’Eglise orthodoxe que des anciens habitués des manifestations auxquelles il appelait. Ainsi, à l’extérieur des grilles, on a pu entendre un chœur improvisé chanter une panikhida, un office des morts et la foule reprendre à l’initiative de ses proches la chanson de Franck Sinatra My Way et aussi scander : « la Russie sans Poutine ». Puis, pendant tout le week-end, ses admirateurs, hommes et femmes, jeunes et vieux, sont venus fleurir sa tombe, s’étirant en une longue file de plusieurs kilomètres une fleur à la main depuis la station de métro. A travers tout le pays, ils se sont donné le mot pour déposer des fleurs, allumer des bougies à un endroit convenu, formant ainsi des centaines de petits mémoriaux improvisés. Des centaines de personnes ont été interpelées et conduites au poste de police.

VI. Les derniers messages de Navalny

Navalny voulait laisser un message d’optimisme. A la fin du film mentionné plus haut, il terminait sur ces mots en anglais :

« Mon message au cas où l’on me tuerait est très simple : ne vous rendez pas ! »

Puis le réalisateur lui a demandé de s’adresser en russe aux téléspectateurs et il a dit en achevant sur un large sourire :

« Il ne faut pas se rendre. Si cela arrive, cela signifiera que nous sommes extraordinairement fort à ce moment-là où ils auront décidé de me tuer. Et nous devons utiliser cette force : ne pas nous rendre, nous rappeler que nous sommes une force énorme qui ploie sous le joug de ces mauvais types uniquement parce que nous ne pouvons pas concevoir à quel point nous sommes forts. Tout ce qu’il faut pour le triomphe du mal, c’est l’inaction des honnêtes gens. C’est pourquoi il ne faut pas rester inactif. »

Par sa personnalité, Navalny est entré dans l’histoire et est devenu l’objet d’une vénération touchante au point que certains de ses admirateurs, sous le coup de l’émotion, ont parlé de le canoniser. Son appel au courage restera une référence, mais portera-t-il des fruits ? C’est toute la question des effets des actes éthiques évoquée au début de l’article. Nombre de ses partisans ont plutôt vu dans sa mort et le nouveau durcissement du régime manifesté à cette occasion la fin de leurs espoirs de changements. Cependant, toutes ces personnes qui ont osé s’afficher pour lui rendre hommage ne témoignent-elles pas de l’existence d’une minorité plus vaste qu’on ne le pense ? Et n’a-t-elle pas mis en œuvre son mot d’ordre de « vote intelligent » lors de l’élection présidentielle en votant pour le pâle Vladislav Davankov ou glissant dans l’urne un bulletin nul ? La grossièreté avec laquelle les résultats ont été falsifiés et présentés prouve que le « vote intelligent », sans qu’on ne puisse, certes, le lier entièrement à Navalny, a recueilli un nombre de voix bien plus considérable que celui affiché, de l’ordre de la vingtaine ou trentaine de millions.

Navalny rêvait d’une Russie non seulement libre, mais heureuse, contrastant avec le malheur qui traverse toute son histoire et même sa littérature. Il a laissé une très belle page à ce sujet : « Comme la vie serait bonne sans le mensonge permanent, sans la liberté de ne pas mentir »[1] .

Dans son combat contre le Léviathan, il n’a pas échappé à des sentiments de haine. Il l’a laissé éclater non seulement contre le régime et ses affidés, mais aussi contre les démocrates – au nombre desquels il avait été – qui avaient eux-mêmes amené Poutine au pouvoir. Il ne voulait pas se laisser gagner par cette haine, appelait à ce qu’on l’aide à la surmonter et surtout appelait à ce que l’on en tire les leçons et que, si la chance se présentait à nouveau, on ne la laisse pas échapper une deuxième fois[2].

Tout ce qu’il subissait le faisait rêver d’étrangler et d’exécuter ses ennemis. Sans renoncer à ses objectifs politiques, il s’efforçait de chasser ces pensées et était parvenu à ne pas se transformer en une bête en cage. Après la tragédie du Crocus Hall Center le 22 mars 2024 à Moscou et la réponse du pouvoir, combien cet appel à ne pas se laisser gouverner par la haine était-il prémonitoire.


[1] https://www.fontanka.ru/2021/02/20/69777878/?ysclid=lu9ouhef9l546393196
[2] https://novayagazeta.ru/articles/2023/08/11/moi-strakh-i-nenavist?ysclid=lu8kqdt9z3192915212


6 Avr 2024


MA LONTAINE ET SI PROCHE UKRAINE

     Je ferai tout pour être l’un des leurs. Je ne voudrais pas me contenter de dire ma solidarité, de la crier, même. Les Ukrainiens, ceux d’ici et ceux de là-bas, sont devenus mes frères.

     A coups de bombardements, de massacres et de souffrances. Mais aussi à coups d’éclat, à commencer par celui de leur président, cet exemplaire petit Juif, Volodymyr Zelensky, qui, au lieu de prendre un taxi pour l’étranger, s’est montré face au monde entier devant le palais, entouré de colosses amis, qui semblaient le protéger de leur masse bienveillante. Ce jour de février 2022, j’ai entendu pour la première fois de sa bouche : « Slava Ukrajini ! » et, en écho de leur part : « Ukrajini slava ! » Des cris que j’allais répéter bien des fois par la suite, ici en France, comme preuve d’adhésion à cet homme et à l’ensemble de son peuple.

     De l’Est arrivait l’espoir d’une résistance acharnée face à ceux qui avaient mis leurs pattes sur les miens durant des décennies. C’étaient les mêmes, ces brutes russes qui avaient réussi à amadouer les naïfs petits Cubains qui ne les connaissaient pas, sauf bien sûr ceux qui, par millions, avaient spontanément pris le chemin de l’exil, sans oublier ceux qui avaient tenté de leur résister et qui avaient payé de la prison ou de la vie cette folie, dans l’indifférence ou la complicité généralisées. C’étaient les héritiers du système communiste, que j’avais imaginé mort et qui ne l’était pas. Pas tout à fait les mêmes mais presque : les descendants de Lénine, de Staline, de Khrouchtchev, de Brejnev et des autres morts-vivants, pas ceux de Gorbatchev ni, en partie, de Eltsine. Poutine représentait, représente, la continuation de la terreur communiste. Pas étonnant, donc, que j’aie reporté mes souhaits d’émancipation sur ces hommes et ces femmes qui se battent contre eux, presque à mains nues, du moins au commencement. Ils sont devenus les porte-drapeaux d’un futur moins laid, moins terrible, même pour mon île, Cuba, là-bas sous les tropiques.

     Eux, ils ne brandissent pas que des drapeaux, moi, je ne fais que crier et parler, je refuserais d’ailleurs de toucher à une arme –je ne l’ai jamais fait, je ne le ferai jamais. Leurs parents, leurs maris, leurs amis, empoignent des armes, quand bien même ils n’étaient nullement formés à cela. Parfois, Jean-Pierre, l’âme de nos marches, parle d’un ami qu’il a perdu au front. L’émotion transparaît alors, comme lorsqu’il me mentionne à voix basse le souvenir de son épouse, Nathalie, qui avait initié ce mouvement, l’Union des Ukrainiens de France, il y a des années déjà, en 2014. Il y a aussi ces femmes seules, par exemple Ioulia, dont le mari, cameraman des armées, est au front, qui rompt en larmes quand elle évoque son sort. Jean-Pierre proclame que nous sommes le troisième front, après celui qui est face aux Russes, et celui de l’ensemble de la population, qui se trouve aussi face aux mêmes prédateurs. Nous ne faisons que venir en appui à ceux-là, qui se trouvent au loin, et à ceux-ci, les exilés, comme moi. Je me sens comme eux, en exil depuis si longtemps. Et je ne sais s’ils pourront un jour retourner dans ce pays qui leur semble encore magnifique. Pas comme le mien. Oui, mais pour combien de temps ?

     Les terrains de guerre se multiplient, partout, essentiellement en Israël, où me porte mon histoire, aussi proche, peut-être davantage, que celle de l’Ukraine, à laquelle me relient des ancêtres lointains, des Juifs partagés entre ce territoire et celui de la Pologne et d’autres territoires indéfinis de l’Est. Nous vivons un temps de malheurs récurrents.

     Je continue à proclamer ma foi en la victoire, peut-être pas seulement par les armes. Lorsque je m’adresse à mes frères -et à mes sœurs- devant la fontaine des Innocents ou place de la Bastille à Paris, et même, parfois, à Chartres, ou dans ces lignes, je ne fais œuvre que d’un soutien moral. Je témoigne, comme je le fais pour Cuba libre depuis des décennies. Je sais cependant que mes paroles leur vont droit au cœur, qu’elles les galvanisent, les aident à tenir bon, le temps qu’il faudra. Elles parviennent parfois jusque là-bas, sur le deuxième et le premier front. Jusqu’à ce que mes forces me le permettent et que je puisse, un jour, fouler cette terre bleue et jaune que j’ai faite mienne, par pur désir de justice et de liberté.  

Jacobo Machover

(Photo: https://www.internationalaffairs.org.au/australianoutlook/war-in-ukraine-and-women-in-combat/)

2 Mar 2024


Aider l’Ukraine

Outre l’aide militaire apportée officiellement à l’Ukraine par les Etats-Unis et divers Etats européens, il en est une autre, plus discrète : celles de centaines d’associations  et de milliers de citoyens des pays européens.

En quoi consiste-telle? Est-elle efficace? Peut-on y participer et comment ?

Nicolas Milétitch, ancien directeur du bureau de l’AFP à Moscou anime l’une de ces associations, SOS Ouman, et se rend lui-même jusqu’en Ukraine. Il expliquera les besoins les plus criants des Ukrainiens et les efforts faits pour y répondre Mardi 27 février de 18h à 20h au Café du Pont-Neuf, 14 quai du Louvre Paris 1er

Les amis d’Histoire & Liberté

20 Fév 2024


Ukraine en résistance : que peut la littérature ?

A la veille du  second anniversaire de la guerre en Ukraine, des écrivains témoignent le 22 février à la Maison de l’Amérique latine.

Le PEN Club français, Cercle littéraire international, organise le jeudi 22 février 2024 à 19 heures à la Maison de l’Amérique latine, 217, boulevard Saint-Germain, Paris 7e une rencontre intitulée « Ukraine en résistance : que peut la littérature ? ».  A la  veille du second anniversaire de la guerre,  des écrivains témoignent : Florent Coury, auteur de Engagé volontaire,Jean-François Bouthors, auteur de Poutine, la logique de la force, Bogdan « Bob » Obraz, auteur de Kyiv-Paris

La tentative d’invasion de l’Ukraine libre et démocratique par la Russie de Vladimir Poutine le 24 février 2021 a produit d’immenses destructions humaines et matérielles. Mais plus  encore, elle a cherché à éradiquer  la culture ukrainienne  dans sa singularité et  exterminer ceux qui la portent.   Les artistes et les écrivains ont payé un lourd tribut à cet égard. La littérature, aujourd’hui essentiellement en langue ukrainienne mais aussi en russe, est l’un des principaux vecteurs de la connaissance du présent tragique et du passé de ces terres martyrisées par une histoire souvent occultée, qui remonte à la surface.

Les témoignages, ceux des écrivains ukrainiens qui doivent faire face à une violence barbare et ceux des observateurs étrangers qui parcourent le pays ou parfois s’engagent dans les rangs des combattants, faisant d’eux des citoyens solidaires à part entière, permettront-ils de donner ses lettres de noblesse à une littérature qui devrait survivre aux circonstances de la guerre qui, espérons-le, aura une fin prochaine ?  Telles sont les questions qui seront abordés durant cette rencontre.

Florent Coury était, avant de partir en Ukraine DRH de l’Usine Renault de Flins. Il a 39 ans, et père de trois enfants. Jean-François Bouthors est journaliste et essayiste. Il a été l’éditeur de la journaliste Anna Politkovskaïa, assassinée à Moscou en 2006. Bogdan Obraz, Ukrainien de Kyiv, vit à Paris depuis 2008. Il est diplômé d’un master à l’ESCP-Europe et d’une licence professionnelle de guide conférencier.

La présentation sera assurée par Jacobo Machover et Fulvio Caccia, membres du Comité directeur du PEN Club français (Cercle littéraire international). Cet événement sera dédié à Victoria Amelina, écrivaine ukrainienne assassinée au cours d’un bombardement russe.

Renseignements : jacobo.machover@wanadoo.fr, http://www.penclub.fr

8 Fév 2024