Mais si! C’était mieux avant !

Alain Laurent, comme 75 % des Français (sondage ipsos/sopra steria d’octobre 2023 cité par Philosophie magazine), semble plonger dans la « nostalgie du c’était mieux avant ». Sa description dense et implacable de l’état maladif de la société française doit interpeller : ce qu’il nous dit ici haut et fort, nous le voyons et pouvons aussi l’entendre, à bas bruit, autour de nous. S’il est grand temps de mettre fin à ce « déni du réel » qu’il dénonce, et qui ne peut qu’alimenter les fantasmes extrêmes, n’y a-t-il pas tout de même quelques raisons d’espérer ?
Nul doute que son billet d’humeur suscitera le débat. Espérons-le en tout cas, et ouvrons-le.

H&L

Voyage dans une vie courante décivilisée

Au volant, on faisait d’abord attention à la circulation et on ne priorisait pas compulsivement et inconsidérément la consultation de son « doudouphone ».

Sur les chaussées, il n’y avait pas de hordes de cyclistes fous ignorant résolument le code de la route.

Sur les trottoirs, on n’était pas sans cesse percutés par des « zombies » hallucinés des écrans et des écouteurs, ni par des trotinetteurs lancés dans des safaris anti-piétons.

Conduire sans permis ni assurance était rarissime.

Les administrations et les banques disposaient de guichets où on pouvait s’adresser à des personnes humaines  vivantes, de même quand on leur téléphonait – et tout n’était pas  dépersonnalisé au profit de robots et de tyrans numériques dénommés « algorithmes », l’humain a été banni.

Il n’existait pas de bonimenteurs narcissiques appelés « influenceurs » s’efforçant de nous faire prendre les vessies pour des lanternes.

Il n’existait pas de fanatiques antivax, d’obscurantistes anti-science (en particulier des climato-négationnistes) fiers de l’être ni de complotistes voyant partout de sordides conspirations.

Des obsessionnels du « genre » n’avaient pas imposé leurs lubies aux médias et les enfants ne comparaient pas leurs prouesses dans le porno dès 5 ans.

L’absentéisme au travail n’était pas considéré comme un nouvel « acquis social » et on ne sombrait pas pour un oui ou un non dans une insondable « fatigue mentale » ou « burn-out » (les pauvres chéris!).

La notion d’ami » avait encore un sens (comme celle de « communauté », utilisée maintenant pour désigner la clientèle de…Carrefour ou les adorateurs du pissenlit), réservée à des affinités électives fortes –  et pas encore galvaudée sur les réseaux dits « sociaux » aux milliers d’ « amis » virtuels.

La connexion obsessionnelle aux écrans n’avait pas encore décervelé les adolescents tout en les enfermant dans encore plus de mimétisme grégaire.

Il n’y avait pas chaque année des centaines d’actes de vandalisme et de profanation commis contre des lieux de culte chrétiens (maintenant en croissance exponentielle). 

Culture « cultivée » et instruction publique : le trou noir !

Les ados lisaient des livres et ne sortaient pas littéralement incultes et ignares de l’école.

La France figurait dans les premiers rangs mondiaux  des performances scolaires et les élèves n’étaient pas les plus nuls du monde en mathématiques selon les classements PISA.

Obtenir le bac (qui n’était pas surnoté) exigeait des efforts et ce diplôme avait une valeur intellectuelle et sociale reconnue, désormais anéantie.

Une alléguée « éducation positive » aux effets dévastateurs n’était pas devenue l’idéologie officielle de l’ Éducation nationale.

Les enseignants n’étaient pas obligés de s’autocensurer dans leurs cours d’histoire et de français, et n’avaient pas à craindre d’être agressés dans leurs classes et égorgés à leur sortie des établissements.

La plupart des gens se débrouillaient en calcul mental et savaient lire une carte routière.

La musique classiques avait nombre d’adeptes et ça se voyait par exemple dans les rayons spécialisés des Fnac, désormais réduits à peau de chagrin.

On adhérait à l’idée classique du vrai et du faux, on n’était pas encore entrés dans l’ère calamiteuse des « faits alternatifs », de la « post vérité » et des trucages par l’IA.

Les profs ne commettaient pas eux-mêmes des fautes d’orthographe dans leurs appréciations ou au tableau.

On n’avait pas besoin de traquer des travaux d’élèves et d’étudiants stéréotypés produits en masse par une nouvelle divinité omnisciente et occulte dénommée Chat GPT.

La langue française n’avait encore été sabotée de l’intérieur par une horreur linguistique dénommée « écriture inclusive ».

On n’incendiait pas les écoles et enseignants comme élèves ne vivaient pas dans la hantise de harcèlements.

D’infortunés enfants et adolescents ne se suicidaient pas sous la pression de harcèlements scolaires.

Bienvenue au paradis des incivilités et de la violence ordinaires

Pompiers, médecins, pharmaciens et maires étaient respectés de tous et non pas menacés, harcelés et victimes d’agressions physiques sauvages dans l’exercice de leur profession.

Quasi exceptionnel, le refus d’obtempérer n‘était pas devenu un sport national et un nouveau droit de l’homme.

Les femmes n’avaient pas peur de sortir seules le soir venu.

Les fêtes et évènements sportifs nationaux se déroulaient dans un calme total et n’étaient pas devenus autant de prétextes à émeutes et guérillas dites « urbaines » dévastatrices.

Il n’y avait pas de rodéos urbains meurtriers ni de rodéos ruraux détruisant les récoltes.

Il n’y avait pas davantage de « rave party » hystériques foulant les champs et niant le droit de propriété des agriculteurs.

Les commissariats de police et les prisons n’étaient pas les cibles d’assauts à coups de mortiers d’artifice, de voitures béliers, voire de cocktails Molotov et de tirs à balles réelles.

Des barbares ne lynchaient pas les policiers.

Un arrogant narco-trafic et de son armée du tueurs ne s’affichaient pas ouvertement sur nombre de coins de rues et même de villages jusqu’alors sans histoires.

On n’avait pas à craindre les fusillades meurtrières entre narcos qui, chaque semaine maintenant, ponctuent l’actualité (merci aux consommateurs de drogues!).

Aux abords des collèges et lycées, on ne réglait pas ses comptes au couteau en tuant éventuellement sans hésiter son adversaire.

On ne sabotait pas les voies de la SNCF.

Joies du multiculturalisme

Les citoyens français n’étaient pas considérés comme une « communauté » parmi d’autres dans leur propre pays, dont certaines lui sont de plus hostiles et en proie à un racisme anti-Blancs (les « gwerks » = sales blancs en arabe des banlieues…).

Les personnes d’origine étrangère vivaient la plupart du temps comme leurs voisins, on ne voyait pratiquement pas de femmes voilées.

Le mot « assimilation » n’était pas officiellement rejeté et disqualifié comme « raciste ».

On ne voyait nulle part de « mineurs isolés », devenus délinquants ou devant être hébergés, nourris à grands frais et rééduqués (sans succès) par les administrations locales.

Les citoyens français n’avaient nullement le sentiment pénible de souvent devenir « étrangers » dans leur pays natal.

Le sol français n’était pas littéralement submergé par des « clandestins » et autres « sans-papiers » entrés illégalement et de force dans notre pays.

L’aide médicale d’État et l’hébergement gratuit de droit « opposable » en hôtel « social » ne jouaient pas encore le rôle d’attracteurs universels pour tous les migrants du monde.

Il n’existait pas de quartiers urbains excluant de fait les citoyens français « historiques » et encore moins de villes où ceux-ci ne sont plus qu’en minorité (Roubaix, communes du 93…).

Dans un pays consensuellement laïque comme la France, il n’y avait pas de prières collectives dans les rues ni de salles de prière dans certaines entreprises et universités ou les vestiaires sportifs et au cours des matches.

L’idée de « blasphème » semblait définitivement relever de la préhistoire.

Il n’y avait pas davantage de « police des mœurs » (milices privées de fait) forçant, dans les cités, les femmes à se voiler et les jeunes filles à ne pas porter jupes courtes ou pantalons moulants.

La politique étrangère de la France n’était pas l’otage consentante  de la « rue arabe » importée dans notre pays.

Naufrage judiciaire, social, politique et institutionnel

On n’accueillait pas par un éclat de rire consterné des déclarations comme « Il encourt (ou risque) jusqu’à x années de prison » : les peines prononcées contre délinquants et criminels pouvaient alors être  maximales,  effectivement et intégralement exécutées – et non pas comme maintenant automatiquement réduites d’1/3 ou arbitrairement adoucies (sauf pour des personnalités politiques de droite) par un juge de non-application des peines  préférant infliger des… « stages de citoyenneté » ou décider des «classements  sans suite » plutôt que sanctionner (surtout ne pas punir! – et bannir la prison).

Une délétère idéologie de l’excuse n’avait pas socialement et moralement tout corrompu, créant une impunité de fait et favorisant la récidive.

Les prisons n’étaient pas devenues de douceâtres centres de rééducation sociale (avec promenades en forêt, massages et initiations aux arts martiaux) ou de plus sûrs centres opérationnels sécurisés d’où les mafieux peuvent par téléphone continuer leurs trafics et ordonner des meurtres.

Le très gauchiste Syndicat de la Magistrature n’était pas encore devenu le véritable prescripteur de la politique pénale.

Les squatteurs étaient rares, et non protégés par une loi scélérate paralysant leur expulsion ou imposant leur relogement – niant ainsi le droit de propriété des occupants légaux.

L’État-providence demeurait à une place raisonnable et ne s’était pas hypertrophié en État-nounou générant une masse d’assistés de tous poils exigeant d’être toujours plus pris en charge et de bénéficier d’aides sociales (de chèques en tous domaines) sans contribution ni contreparties.

Il n’y avait pas de chômage « de confort » (refus de propositions d’emplois trop matinaux, trop éloignés ou trop « physiques »).

La majorité des citoyens était normalement assujettis à l’impôt sur le revenu, désormais concentré sur une minorité de contribuables, les autres jouissant du statut envié de « non-imposables » (ce jackpot de la démagogie fiscale).

Les emplois étaient pourvus en fonction des compétences et non pas d’appartenances à un groupe donné (selon les préférences édictées par la « discrimination positive »).

Une pleine liberté d’expression régnait en France et la censure idéologique (de plus privatisée) avec dépôts de plainte devant les tribunaux n’imposait pas de taire ses opinions par crainte d’être accusé d’« islamophobie ».

L’extrême droite héritée du pétainisme et de l’OAS tendait à disparaître et ne s’était pas muée en massif national-populisme (grâce à la domination de l’islamo-gauchisme culturel renforcée par la complaisance du « bloc central » qui ne se reconnaissent aucune responsabilité dans ce glissement).

L’antisémitisme (alors toujours d’extrême droite) était lui aussi  alors en cours de régression et n’avait pas été remplacé par un racisme anti-juif d’origine extra-européenne se donnant libre cours avec l’appui des pseudo « antiracistes » de l’extrême gauche.

L’antifascisme gardait son sens classique et ne servait pas d’alibi à un néo-fascisme rouge/vert (recours à la violence brutale dans les rues, volonté de prendre le pouvoir par l’intimidation et la force).

De même, la laïcité conservait son sens initial de protection contre les intrusions liberticides des religions et ne se trouvait pas affadie voire contrefaite par les partisans d’une prétendue « laïcité ouverte » et « positive »,  bouffeurs de « laïcards ».

Le parti socialiste n’avait pas sombré dans le camp anti-laïque et tribal (communautariste), comme ses camarades de LFI (La France Islamiste ?).

Notre pays n’était pas le champion mondial (ou en tous cas de l’UE et de l’OCDE) des prélèvements obligatoires, d’une redistribution forcée et spoliatrice, de la dépense, du déficit et de la dette publics.

Les universités et le CNRS n’étaient pas soumis aux diktats idéologiques du gauchisme (depuis devenu islamo-gauchisme).

France Inter, France TV et l’AFP étaient jadis de vrais services publics, respectant leur obligation déontologique de neutralité et d’impartialité.

Conseil d’État, Conseil constitutionnel et PNF ne s’étaient pas encore de fait transformés en officines politiques orientées, aux décisions biaisées mais frauduleusement labellisées «État de droit» dès qu’il s’agit d’immigration et de politique pénale ou de punir les mal-pensants non « progressistes ».

*       *       *

« Avant » (disons au cours du dernier quart du XXème siècle), ce n’était bien sûr pas le meilleur des mondes et ça n’avait rien d’un long fleuve tranquille à idéaliser rétrospectivement, sur lequel on pouvait se laissait aller1.  Les femmes étaient encore bien souvent traitées en mineures, les enfants volontiers soumis à une éducation conformiste et autoritaire, les homosexuels victimes de discrimination – et le travail corseté dans des hiérarchies rigides…). MAIS pour l’essentiel les règles élémentaires de savoir-vivre ensemble se trouvaient respectées par tous, les « autorités » faisaient preuve d’…autorité quand il le fallait et, surtout, les choses évoluaient dans un sens positif (en médecine en particulier) et avec le renfort de la « tech », avant que celle-ci, dans son délire démiurgique, ne compromette tout avec en plus l’artificialisation des existences.

« Réac », donc, selon le réflexe pavlovien des progressistes béats ? Certes non, car les faits sont là, et le trop répandu déni du réel cher à la mentalité magique n’avance à rien (Cf de Raymond Aron,un « réac » bien connu!!! -Les désillusions du progrès, 1969), y compris pour croire devoir et pouvoir revenir en arrière. En tous cas, grâce à l’emprise subversive du gauchisme et du « libéralisme » culturels puis du wokisme (néo-féminisme et « genrisme », pédagogisme, angélisme judiciaire, immigrationnisme, droit-de-l’hommisme, antiracisme dévoyé, démagogie du social, multiculturalisme relativiste et pro-islamiste…), les bienvenues améliorations apparues « avant » n’ont pas tardé à se retourner en leur contraire en générant de multiples effets pervers et donc de franches perversions individuelles et collectives. Ce qui était impensable il y a encore peu de temps a pris corps sous nos yeux, en raison de la forfaiture des institutions qui sont la clé de tout (justice et éducation, corrompues par des idéologies laxistes et nihilistes), mais aussi de l’irresponsabilité délétère d’une majorité de nos ex-concitoyens (consommation croissante de stupéfiants, phobie du travail, mentalité d’assisté demandeur de toujours plus d’aides, hyper-tolérance, addiction forcenée aux écrans abrutissants, mépris des règles élémentaires de civilité…) : une auto-infantilisation d’« atmosphère » qui ne provient pas forcément du seul État mais que celui-ci a laissé faire et récupère à son profit.

Face à cette chienlit tissée d’ensauvagement et d’avachissement (pardon aux vaches), on finit par se sentir vivre dans une dystopie molle – celle d’une « décivilisation » en règle où on marche sur la tête. Et il faudrait défendre « ça », et se réjouir d’y « vivre ensemble » !?

Bon vent pour voguer vers davantage encore d’hyper-modernité et ses radieux lendemains qui chantent!

Alain Laurent, le 20 octobre 2025


  1. C’est bien pourtant ce que croient trop légèrement ceux qui  (à bien des égards des « enfants gâtés » narcissiques), aujourd’hui, vomissent les « boomers » et retraités et en font des boucs émissaires faciles de leurs turpitudes. « Avant », c’était d’ailleurs aussi des maladies encore non guérissables, tout le monde était loin d’avoir une automobile et il fallait trimer dur pour avoir les moyens d’en acheter une  (ou se priver de pas mal de choses pour devenir propriétaire de son logement, ça ne tombait pas du ciel!). MAIS on savait ne pas se plaindre inconsidérément, les relations avec autrui demeuraient saines et on se sentait en sécurité sur tous les plans : c’était le plus important.  ↩︎

20 Oct 2025

Une réflexion sur “Mais si! C’était mieux avant !

  1. Avatar de raisonoblige raisonoblige dit :

    Bravo Alain !

    Quelle que soit la gravité des problèmes que tu recenses, ton inventaire est probablement complet.

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