Colombie : Petro cherche à obtenir dans la rue ce qu’il n’a pu trouver dans les urnes
Les manifestations ont pris fin dans l’ensemble du pays a l’exception de Cali, nous y reviendrons, et d’une ou deux municipalités. Les troubles se poursuivent à Bogota. Depuis le 28 avril, que la « grève nationale » a donné lieu, après les marches et manifestations a des débordements incontrôlés. Le gouvernement a dû faire appel à la police et à l’armée et l’opposition a parlé de répressions, des violences policières ce qui a conduit à une augmentation de la violence dans les rues, le pillage de magasins et une insécurité dans plusieurs quartiers de Bogota. Mercredi soir, le 23 juin, la destruction du « Portal » de Suba, du Transmilenio, le système de transport urbain de la ville, a obligé la Maire de Bogota, Claudio Lopez, à déclaré : « Nous n’allons pas accepter le vandalisme ». Elle avait auparavant demandé à Gustavo Petro de calmer ses troupes et de les faire cesser les violences, déclenchant ainsi une controverse avec le principal dirigeant de l’opposition au gouvernement. Il y a donc bien une politisation de ces conflits ; ce qui donne raison aujourd’hui a tous ceux qui dénonçaient l’action de Petro d’envenimer en sous-main la situation pour profiter du chaos afin de prendre le pouvoir par la rue qu’il n’avait pas pu obtenir par les urnes. Dernière minute : un motocycliste est mort vendredi 25 a Bogota en raison d’une « obstruction violents de la part certains manifestants » a dénoncé samedi 26 la maire de la capitale colombienne qui a interdit les rassemblements a Suba et Las Americas, deux des terminus du Transmilenio.
Il ne s’agit plus de protestations pacifiques mais de guérilla urbaine. Le vandalisme a pris de graves proportions à Bogota. Ce sont bien des groupes radicaux, organisés, avec des bombes incendiaires, des armes et des casques, financés par quelques politiques qui génèrent le chaos. La lassitude ressentie par la population, en Colombie, en général, et à Bogota, en particulier, doit faire face a une escalade de la violence pour attirer l’attention. Alors que baisse la protestation sociale, apparait un autre type de violence. Gustavo Petro est responsable, selon la Maire, d’entretenir cette violence et ceux qui le suivent sont les plus radicaux. La protestation sociale a dégénéré avec les groupes illégaux et radicalisés.
A Cali, la situation est désormais clarifiée par la capture de Leonardo Diaz Escobar, alias Richard, ex-chef de la colonne mobile Jacobo Arenas des Farc et aujourd’hui à la tête de la structure urbaine mise en place par Ivan Marquez un des chefs des dissidences de Farc qui se cache au Venezuela. La revue Semana a révélé qu’alias Richard a été arrêté avec 7 autres membres des Farc dont une femme, par la police après des interceptions téléphoniques qui permirent d’apporter de nouvelles preuves de l’infiltration d’Ivan Marquez. C’est lui qui assure l’approvisionnement en argent, logistique et en armes de ces groupes liés aux Farc et même anciens des Farc. Ils ont ainsi organisé le blocage des routes d’accès à Cali et à Buenaventura, la ville portuaire du Pacifique ou venaient les armes et bombes incendiaires utilisées par les « muchachos », les jeunes au chômage ou étudiants de l’université del Valle de Cali. Les communications téléphoniques révèlent ainsi que les chefs rassemblaient ces groupes de jeunes, les payaient, leurs donnaient des fusils pour aller se battre contre la force publique et la police.
Une démonstration supplémentaire que la paix négociée par l’ex-président Santos et les Farc n’a pas obtenu le but souhaité ; les dissidents des Farc continuent d’organiser « les luttes » pour prendre le pouvoir en Colombie avec l’appui plus ou moins déclaré du Venezuela et de Cuba qui n’ont pas abandonné l’idée de renverser le pouvoir légal de Colombie pour installer a sa place une régime qui partage la même idéologie.
Jacques Carbou
Le 25 juin 2021
(Crédit photo : El alcalde Mayor de Bogotá, Gustavo Petro | Flickr)