Figarovox, qui s’avère de plus en plus comme un lieu majeur du débat politique, a publié jeudi 10 décembre, une tribune de Pierre-Henri Tavoillot à laquelle nous renvoyons nos lecteurs. Nous leur en présentons des extraits pour les inciter à lire ce texte complet intitulé : «“Violences policières”: l’ultragauche a gagné la bataille culturelle une fois encore».

Lien vers l’article : “Violences policières”: l’ultragauche a gagné la bataille culturelle une fois encore» (lefigaro.fr)

Il faut savoir reconnaître sa défaite. Sur le sujet de la «violence policière», l’ultragauche a gagné, y compris au plus haut niveau de l’État, la bataille pour «l’hégémonie culturelle» (…) Aidée par l’entrisme au sein des médias, par l’idéologie bobo, par l’esprit généreux et pacifié du temps, par un goût morbide de culpabilité, par la multiplication des CAD (causes à défendre) et par l’espoir de la convergence des luttes, l’ultragauche a su agglomérer une constellation de déceptions démocratiques. En vrac: l’égalité en panne, l’environnement en danger, les femmes opprimées, les animaux oubliés, la finance en délire, le racisme renaissant, le bonheur en berne… Et, pour cause de tous ces maux, un système – le capitalisme ; un régime – la démocratie libérale ; et un «coupable presque parfait» (Pascal Bruckner) – le mâle blanc, bourgeois et vieux. Grâce à ce schéma culturel, c’est l’ultragauche désormais qui dicte l’agenda politique et médiatique. Ultra-minoritaire en nombre, elle est dominante en visibilité. Alors que l’extrême gauche conserve l’espoir de conquérir le pouvoir, l’ultragauche n’aspire qu’à le détruire.

On en a l’illustration parfaite avec le sujet des «violences policières». Cette gauche radicale est capable de faire oublier la longue litanie des violences faites aux policiers, qui rythment le quotidien des faits «très divers». À sa place, la mise en Une de quelques bavures, dont je ne songe à nier ni la réalité ni la gravité, au regard de l’exemplarité indispensable des forces de l’ordre, mais qui demeurent statistiquement rares. Or on ne parle désormais que de ça, comme si notre espace public était incapable de penser ensemble ces trois données du problème: d’abord, il y a – et de plus en plus – des violences faites aux forces de l’ordre ; il y a, ensuite, des violences disproportionnées commises par certains policiers ; enfin, l’essence même de la police est, sinon la violence, du moins la menace de la violence, dont elle a légitimement le monopole afin de faire respecter la loi. C’est là la condition de toute vie commune, sauf à défendre – ce qui a sa cohérence propre – une position de type anarchiste, qui rêve d’un ordre sans contrainte. Mais si l’on pense que ni l’amour, ni la morale, ni la civilité, ni la politesse ne suffisent à «garder la paix», alors la police est nécessaire ; et le seul point du débat public devrait être non pas le principe de la «violence policière», mais l’opportunité et la proportionnalité de son usage.

P-H Tavoillot raconte ensuite son expérience personnelle de violences policières terribles en Tunisie en 1986. Il compare et conclue en affirmant que la démocratie libérale est devenue le fétiche de l’ultragauche.

Grâce à lui, son «marxisme hémiplégique», comme disait Henri Weber, c’est-à-dire la critique du libéralisme (politique et économique) sans la promotion du communisme, demeure opérationnel pour embarquer tous les indignés de la terre. Tous ceux qui, face à l’impuissance publique qui gangrène nos États, ne voient de salut qu’en la dénonciation de la saloperie du monde. Avec l’indignation, au moins, ils peuvent se ressentir acteurs, utiles et maîtres de leur destin.

On le voit, le défi est immense! Pour rallier les déçus d’un régime dont la nature profonde est déceptive, – la démocratie -, il va falloir faire beaucoup. D’abord montrer que le pouvoir démocratique (le cratos du demos) peut quand il veut et veut quand il peut. Ensuite, persuader que l’indignation n’est pas l’action ni même la pensée.

Enfin, que la démocratie libérale n’est pas le pire des régimes au monde, ni même le pire à l’exception de tous les autres, mais bien le meilleur, en tout cas, pour qui veut que liberté, égalité et fraternité marchent ensemble 

Les preuves ne manquent pas. J’ai cru un moment que les aides sonnantes et trébuchantes de l’État lors de la crise du Covid-19 allaient produire une forme de gratitude à l’égard d’un collectif aussi solidaire ; mais, là encore, ce sont les plaintes et les critiques qui ont fini par l’emporter. (…)

18 Déc 2020

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