Notre ami Malliarakis, un néo-fasciste ad aeternam?

Jean-Gilles Malliarakis - Photo distribuée à l'office religieux
Jean-Gilles Malliarakis – Photo distribuée à l’office religieux

Il arrive que les discours accompagnant une disparition pêchent par une bien compréhensible surenchère touchant les qualités du défunt.

Le Monde du 12 décembre a su éviter cet écueil et dans une courte notice nécrologique qualifie sans réserve aucune, Jean-Gilles Malliarakis, décédé cinq jours plus tôt, de « néo-fasciste ». Le « quotidien du soir » dont on appréciait jadis les nuances, a même essentialisé le défunt. Néofasciste, il n’était que cela, et, de « groupuscules » en « factions »,  Jean-Gilles maintenait ce cap quand d’autres se rangeaient. Pas un mot pour reconnaître un sens à ses combats pour un Vietnam qui ne soit pas inféodé au monde communiste. Pas un mot sur ses dénonciations de l’URSS et du goulag si ce n’est qu’elles « assouvissaient » ainsi une haine du « soviétisme », haine de mauvais aloi, manifestation de soviétophobie (comme d’autres parlent d’islamophobie) réduisant  à une allergie maladive une opposition légitime au pire ennemi du monde libre : le totalitarisme communiste.

Jean-Gilles travaillait. Il s’était forgé une forte culture historique et théologique. Venu d’une droite nationaliste dans les années 60, il avait évolué ; quand nous l’avions connu et qu’il nous a rejoints, les textes qu’il signait étaient favorables à l’Union européenne et à la démocratie libérale. 

La défense de la liberté était notre combat commun.

Nous nous étions montré solidaires de Jean-Gilles quand la Mairie de Paris contribua à empêcher que se tienne un colloque jugé par elle « militant » et non « scientifique » du fait, notamment, de sa présence parmi les participants. C’était en octobre 2019. Devaient y intervenir entre autres, nos amis Philippe Raynaud, professeur à l’Université de Paris-Panthéon-Assas, Gérard Grunberg, directeur de recherche émérite à Sciences po Paris et Bernard Bruneteau professeur à l’Université de Rennes I.

Sans doute, Jean-Gilles participait-il moins ces derniers temps à nos rencontres et à nos discussions. Il s’était lancé, comme l’expliqua son ami Charles Culbert lors de l’office religieux qui suivit son décès il y a quelques jours, « dans la rédaction d’une saga couvrant cent ans d’histoire », en se concentrant sur la Chine, « un empire énigmatique dont il voulait dévoiler, aux yeux de tous, la face cachée ».

Ce travail est presque achevé. Il le sera bientôt. Quand il paraîtra, nous en rendrons compte dans notre revue, où paraissent ces lignes. Il en a été un des fondateurs. Et nous tenions à saluer amicalement sa mémoire

Pierre Rigoulot, le 15 décembre 2025

15 Déc 2025

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