ADINA REVOL – Rompre avec la Russie, Le réveil énergétique européen (Odile Jacob 2024. 176 pages. 15,99 euros)

Plusieurs pays européens continuent d’acheter du gaz russe en 2024, malgré la volonté de l’UE de mettre fin à ces importations d’ici 2027. Parmi les plus dépendants figurent :
- La Slovaquie : 89 % de ses importations de gaz proviennent de Russie.
- L’Autriche : 97 % de ses importations de gaz sont russes.
- La Hongrie : 47 % de ses importations de gaz viennent de Russie, avec un approvisionnement via le gazoduc Turkstream.
- La France, qui a vu ses importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe augmenter de 80 % en 2024, le GNL russe représentant environ 32 % des entrées de GNL en France.
Au total, la Russie fournit encore environ 19 % du gaz consommé dans l’UE en 2024, principalement sous forme de gazoduc et de GNL. L’UE a prévu d’interdire les nouveaux contrats d’achat de gaz russe d’ici fin 2025 et de cesser totalement ces importations d’ici fin 2027
Dans son livre, Adina Revol propose une stratégie globale pour permettre à l’Europe de sortir de sa dépendance au gaz russe et de gagner en autonomie énergétique. Ses propositions principales sont :
- Accélérer la transition énergétique
- Elle plaide pour l’accélération du Pacte Vert européen, misant sur les énergies renouvelables (solaire, éolien, etc.), la sobriété énergétique (réduction de la demande) et l’efficacité énergétique, notamment via la rénovation thermique des bâtiments.
- Diversifier les sources et partenaires énergétiques
- Revol insiste sur la nécessité de ne pas remplacer la dépendance au gaz russe par une dépendance au gaz naturel liquéfié (GNL) américain ou aux technologies vertes chinoises. Elle appelle à une diversification des approvisionnements et à une politique industrielle européenne forte pour produire localement les technologies clés (batteries, panneaux solaires, etc.).
- Développer le nucléaire et l’innovation
- Elle soutient le développement du nucléaire, y compris les petits réacteurs modulaires, pour renforcer l’autonomie technologique et énergétique de l’UE.
- Financer la transition par un effort public-privé massif
- Selon elle, la rupture avec le gaz russe nécessite d’énormes investissements (estimés à 210 milliards d’euros d’ici 2027), à financer par l’UE, les États membres et le secteur privé. Elle encourage la création d’un véritable marché européen des capitaux pour soutenir ces investissements.
- Rendre l’énergie abordable et socialement acceptable
- Revol estime qu’une révolution des prix de l’énergie est indispensable pour garantir l’acceptabilité sociale de la transition, suggérant notamment de débattre d’une baisse des taxes sur l’électricité.
- Agir de façon coordonnée au niveau européen
- Elle appelle à une action coordonnée de l’UE sur les marchés internationaux et à une pression citoyenne pour éviter tout retour à la dépendance envers des partenaires peu fiables.
En résumé, Adina Revol propose une Europe énergétiquement autonome grâce à la transition verte (incluant le nucléaire), la diversification des partenariats, un financement massif et une politique industrielle ambitieuse, tout en veillant à la justice sociale et à la cohésion européenne.
Antoine Cassan, le 3 juin 2025
