Nous y voici; et la démocratie représentative fonctionne comme elle le doit. doit. Le gagnant a été préféré avec 72 millions de voix contre 67 millions à la perdante. Deux candidats dits indépendants prennent environ 600 mille voix.
Dans le collège électoral – qui légalement désigne le président – le vainqueur devrait obtenir 312 voix contre 226 à la perdante. Il faut toutefois dire et répéter que ce College Electoral est une très bonne chose qui sert de barrière à toute tyrannie majoritaire. Il me semble qu’en effet, Donald Trump n’avait pas la majorité des voix ni en 2016 ni en 2020, mais qu’il avait gagné dans le premier cas au College.
Ce qui nous oblige à revenir encore une fois sur la mésaventure de l’après-élection de 2020, finissant dans le désordre du 6 janvier quand une manifestation de soutien à Trump (lequel avait eu la mauvaise idée d’assurer qu’on lui avait volé des voix, avec comme résultat de perdre dans le Collège) dérapa et provoqua une émeute débordant dans les locaux du Congres dont la tâche du jour était de certifier les comptes du College et de mettre ainsi fin officiellement et légalement à la campagne.
Basse besogne, condamnée dans les pages du prestigieux journal conservateur-liberal, le Wall Sreet Journal ainsi que dans les revues de la droite raisonnable, modérée et satirique comme l’American Spectator. Mais tout le monde sait que Trump ne lit pas les journaux sauf s’ils chantent ses louanges. Ce fut effectivement un choc brutal, mais il ne faut pas oublier que Trump avait proposé d’utiliser la Garde Nationale (qui à Washington est sous les ordres du Président alors que dans les Etats elle obéit aux gouverneurs) pour renforcer la police municipale. Il ne faut pas oublier non plus qu’il le fit non sans ambiguïté puisqu’il suggéra que le maire de Washington (Mme Muriel Bowser, Démocrate) lui demande de le faire, sachant qu’elle ne l’aimait pas et qu’elle avait déjà exprimé sa confiance dans la police de la ville pour le maintien de l’ordre. En passant et pour mémoire, elle avait donné l’ordre à la police de faire dans la dentelle avec les émeutiers organisés par le mouvement Black Lives Matter qui la remercièrent en faisant des dégâts dans la ville estimés à 24 millions de dollars.
C’est dire qu’il y avait une atmosphère de guerre civile dans la ville et dans le pays, sans doute plus dans les têtes que dans les préparatifs et intentions sérieuses, mais il n’empêche : il valait mieux être prudent. Il ne faut pas oublier du reste que Trump a subi des attaques incessantes de la part de l’opposition dès son premier jour à la tête de l’exécutif. Certes il a le profil pour les provoquer, mais une attitude discutable n’est pas illégale. Et puis, le président est le chef et le père de la nation. Comme le disait George Washington – qui subit de la part des ses opposants des violences verbales non moins choquantes que celles de nos jours – un président, un chef, doit toujours garder son calme et s’exprimer avec courtoisie.. Cela dit, c’est la réalité de notre temps : les gens sont mal élevés en général, et en plus, des marxistes et autres fascistes veulent « faire table rase », une opération à grand risque et invariablement à mauvais résultats.
La page étant quand même tournée, non sans de terribles drames, des vies détruites et des centaines de manifestants arrêtés et jetés en prison, la majorité d’entre eux n’étant pas entrés dans le Capitole, Trump, légalement encore président, fut donc jugé par le Sénat (c’était la procédure d’ impeachment) pour incitation et à rébellion et manque de respect à la Constitution. Mais le vote du jury l’a absout. Mauvais quart d’heure. Mais les Démocrates, au lieu de tourner la page et de combattre Trump politiquement s’il venait à se présenter de nouveau à l’élection présidentielle – comme bien sûr il en avait l’intention – lancèrent contre lui plusieurs inculpations et procès sur des bases juridiques discutables pour essayer de l’arrêter.
Les procès intentés contre l’ex et futur président sont sans fondements sérieux. Et même s’ils eussent été fondés, comme l’affirma à plusieurs reprises le Wall Street Journal, les tribunaux auraient mieux fait d’écarter les inculpations car il était trop évident que ces procès étaient voulus pour des raisons politiques, comme dans une république bananière, communiste ou fasciste. Trump restait en effet le chef de l’opposition et sans doute aucun son candidat à la prochaine élection présidentielle.
Lors de la campagne, il est clair que Trump avait le vent en poupe contre le président sortant J. R Biden, qui apparut diminué et faible au cours de leurs premier et unique débat, et incapable de réponses cohérentes tant pour ses bavures en politique étrangère que pour les défauts de sa politique intérieure qui est de suivre le programme de l’extrême gauche qui s’est emparée du parti démocrate. Les Démocrates ont donc opéré un « coup » au sein du parti pour se débarrasser du vieillard et installer sa vice-présidente Kamala Harris sans primaires et même sans débats dans leurs assemblées de nomination, ce qui avait tout d’une mise en scène.
Harris n’a elle-même aucune personnalité ni principes et elle n’a rien fait pour endiguer l’invasion migratoire alors que le vieux Joe lui avait confié le dossier de l’immigration. Il est évident que Trump sera président; il est sûr que certains observateurs (dont, je plaide coupable, moi-même) auraient préféré qu’il y ai eu une sorte de paix civile après le drame du 6 janvier et que les deux grands partis se mettent d’accord pour cesser les hostilités en mettant en avant des hommes nouveaux ou des femmes nouvelles, mais c’était surestimer les capacités de miséricorde et de conciliation d’une société qui (nous ne voulons pas l’admettre) est dangereusement divisée et où les deux camps refusent les compromis. Il me semble toutefois que ceci a beaucoup plus à voir avec la défaillance des élites (y compris dans les médias) que dans la peuple. Trump, malgré tous ses défauts, le reconnut : il fit campagne en parlant au peuple et en l’écoutant. Harris fit campagne en comparant Trump à Hitler.
Comme disait Lincoln: « You can’t fool all the people all the time, » on ne trompe pas le peuple entier tout le temps…
Roger Kaplan
