17 juillet 2024  : Echapper au piège encore une fois

Vous avez dit « Actualité »? Le neuf en politique est souvent lesté d’ancien.  Et les nouvelles ont parfois une allure de déjà vu. 

Le renversement il y a quelques semaines du gouvernement conservateur en Grande-Bretagne par exemple, ici et là présenté  comme un raz de marée, est une phase normale de l’alternance habituelle de la démocratie britannique. Sans doute peut-on relever le score relativement élevé du mouvement populiste de Nigel Farage. Mais les équilibres ne sont pas bouleversés pour autant. Pas plus en Grande-Bretagne qu’en Espagne avec le mouvement Vox ou en Allemagne, avec l’AFD (Alternative pour l’Allemagne), le populisme ne menace de s’imposer.

Reste quand même l’Italie avec Meloni au pouvoir, Meloni qui tente par exemple de contrôler la Radio-Télévision italienne, mais dont l’atlantisme ne remet pas en cause la défense de l’Europe. 

Reste aussi  la France où le Rassemblement National, fort des 35 %  de voix recueillies par lui et par ses alliés aux récentes élections, peut appuyer le Hongrois illibéral et poutino-compatible, Viktor Orban, dans son entreprise d’affaiblissement de l’U.E. 

Le RN a réitéré lors du 1er tour des élections législatives. Mais, comme on le sait, une sorte de « front républicain » lui a fait barrage lors du deuxième tour, un « front républicain » qui suppose croire que le fascisme nous menace, comme le « prouvaient » les stupidités xénophobes d’une poignée de candidats RN dont on nous disait et répétait qu’ils affirmaient tout haut ce que le mouvement dirigé par Marine Le Pen pensait tout bas.

Sans doute, comme certains de nos amis nous le signalent, le succès relatif du populisme en Europe s’expliquerait surtout par le fait qu’il prétend répondre mieux que les autres forces politiques à l’afflux de migrants et au surplus d’insécurité qui l’accompagne. Comme un avertisseur, comme une sirène d’alerte, le populisme puiserait les raisons de son succès dans son opposition à l’immigration et plus dans la dénonciation de la menace que cette immigration fait peser aux yeux de pans entiers de la population européenne sur leur identité, leur culture et leur sécurité que sur leur pouvoir d’achat.

Voilà qui n’a rien à voir avec le « fascisme », même si la peur de l’Autre favorise la recherche de dirigeants forts et aptes à promouvoir une réponse forte.  Mais c’est cette peur du fascisme et du racisme qu’il véhicule hors de l’ « arc républicain », qui a permis pourtant, le 7 juillet dernier, le succès du « front républicain » et du « Nouveau Front populaire » dont le noyau gauchiste  autour de Jean-Luc Mélenchon constitue lui aussi un danger pour la démocratie libérale,  tant sur le plan national que sur le plan international avec sa haine de l’OTAN et son appui au Hamas islamiste qu’il refuse de considérer comme un mouvement terroriste même après les horreurs du 7 octobre dernier.

Mais même cela n’est pas entièrement nouveau. La France s’est déjà vue proposer dans le passé de choisir un extrémisme pour mieux combattre un autre, en l’occurrence le communisme pour mieux s’opposer au nazisme – en tout cas avant et après la lune de miel que connurent entre eux ces deux mouvements totalitaires…Notre pays avait su alors éviter ce piège, rejeter les deux pôles extrémistes et sauvegarder l’imparfaite mais précieuse démocratie libérale.

Pierre Rigoulot

17 juillet 2024

17 Juil 2024

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