Élections legislatives 2024 : Une Analyse des Enjeux Politiques en France

Cher Pierre, ce que je pense de l’effarante situation actuelle vient d’être implacablement exposé par Nicolas Baverez(biographe de R.Aron, qui n’a rien d’un excité sympathisant de l’extrême-droite canal historique!) dans son papier du « Figaro » d’hier (avant-dernière page) et je ne saurais mieux dire: état des lieux régalien et financier cataclysmique, responsabilité extrême de Macron dans cet état de choses, impossibilité désormais d’établir une équivalence des dangers représentés par l’islamo-stalinisme de LFI et ses complices avec ceux du RN, dont les désastreuses ambiguïtés (Le Pen n’est pas G. Meloni!) sont bien rappelées…J’ajoute que je me retrouve tout autant dans les éditoriaux de Franz-Olivier Giesbert dans « Le Point ». Ce qui m’épargne de le redire moi-même moins brillamment…

Alain Laurent (18 juin 2024)

Une chose me chiffonne, bien que le papier de Pierre soit tout à fait judicieux, c’est qu’à la fin, cela sonne comme l’appel de Kylian Mbappé à voter au centre. On écrit LFI mais c’est le front de gauche avec Sandrine Rousseau, Manuel Bompard, d’autres crétins et Raphaël Gluksmann (mais qu’allait-il faire dans cette galère?), donc , à l’exception de R.G. un ramassis de criminels, alliés aux assassins du Hamas, du Hezbollah, antisémites et antidémocratiques.Qu’avons-nous à renvoyer dos à dos LFI et RN. Que je sache le RN s’est joint à la manif contre les crimes du 7 octobre, et demande pas la révolution. Ils peuvent évoluer comme Georgia Meloni devenue atlantiste, proeuropéenne et alliée des Ukrainiens.

C’est ma modeste contribution après notre réunion au Pont Neuf. Si nous devons écrire un manifeste centriste je ne signerai pas.

Ceci en toute amitié.

Claire  Brière (18 juin 2024)

Chère Claire

Préférer le centre aux deux mouvances placée aux extrêmes de l’hémicycle ce n’est pas les renvoyer dos à dos. L’actuel parti situé le plus à droite n’est pas révolutionnaire tandis que le Front populaire est sous l’emprise d’une idéologie en guerre contre la démocratie représentative. La présence en leur sein du N P A qui fait l’apologie du 7 octobre suffit à mes yeux à estimer qu’entre les deux extrêmes le RN est de loin le moins à redouter. Mais le repli national populiste n’est pas mon premier choix.On peut faire toutes les critiques au style de Macron mais sur l’Europe et donc sur La Défense du monde libre, le national populisme du RN est un danger à l’intérieur comme Orban.

André Senik (18 juin 2024)

Pour aller plus loin…Je pense que l’ennemi  N*1 c’est tout simplement LFI, Le NPA et autres trotskistes…Et autres écolos, les pauvres…

C’est pourquoi, évidemment le RN n’est pas mon premier choix, mais je pense qu’il faut avoir le courage comme Serge Klarsfeld, comme Finky, Michel Onfray expliquer qu’il faut, lorsque l’on se trouve face à ce type de choix voter RN. Il faut un maximum de voix pour édifier un vrai barrage contre les fachos d’aujourd’hui. Ils me rappellent toute cette gauche d’avant-guerre, années 30-40 , responsables de la LICA la ligue « contre l’antisémitisme », tous passés au service de Vichy!!!

A mes yeux, sauf pour quelques personnes que je trouve respectables, il est hors de question de voter pour Renaissance et consorts. Cela revient à voter pour le pompier pyromane.  Le ni…ni.. en même temps et autres dénis et dérobades. 2015 le Bataclan, puis Nice etc…profs trucidés, mais depuis longtemps menacés etc…Il eut fallu de la poigne, de la détermination, une politique de fermeté par rapport aux incivilités. Et quoi? face à la propagande effrénée des Furieux de la gauche, nous avons opposé, comme d’habitude cette indulgence si démocratique, si pleine de vertus que les criminels ont pu continuer à sévir.

Notre président, combatif sur la question de l’Ukraine (mais ne vise-t-il pas la présidence de l’UE?) s’est s’emmêlé dans ses déclarations sur Israël, se lançant dans de lyriques discours sur absolument tout et…tout. Pas de vision, pas de cohésion, donc pas de nation. Nous y sommes. Je vois venir un futur (depuis longtemps) mâtiné de guerre civile. Nous n’aiderons pas l’Ukraine de cette façon. Ce pays formidable a besoins d’alliés solides et armés.

Et les RN feront comme Meloni. Cela a déjà commencé pendant cette campagne.

Toujours avec amitié

Claire Brière (19 juin 2024)

Mon hostilité aux islamisto-gauchistes complices des atrocités du Hamas est totale. L’islamisme mondialisé, barbare et archaïque, est le nouveau nazisme que le monde libre doit vaincre à l’échelle mondiale. Quant au prétendu antifascisme des héritiers du communisme d’hier. il joue sa dernière comédie. François Furet a longuement démontré que l’antifascisme brandi par le mouvement communiste n’était qu’un leurre cachant la similitude entre nazisme et communisme. Les islamisto-gauchistes d’ascendance trotskiste de LF I et du NPA sont les véritables fascistes qu’il faut battre aux élections.

Nous verrons si les électeurs de gauche non fascistes sauront faire le tri entre les candidats présentés par le N F P.

André Senik (19 juin 2024)

Pourquoi rejeter le RN et LFI ?

Après le tsunami intervenu le 9 juin 2024 et le bouleversement politique qui l’a suivi (la dissolution de l’Assemblée, l’éclatement de LR et la reconstitution d’une union des gauches sous la forme du Nouveau Front Populaire (NFP)), une leçon s’impose : les dirigeants politiques hors RN (et ceux de la gauche tout particulièrement) n’ont toujours ni compris ni admis ceci :  le succès électoral croissant du RN s’alimente essentiellement à ce que le flux migratoire vers la France reste trop important depuis trop longtemps. 

Une preuve parmi d’autres :  ce n’est pas seulement en France mais dans tous les pays d’Europe (y compris au Royaume-Uni) qu’une même montée des partis d’extrême-droite s’alimente à des flux migratoires excessifs et à leurs multiples conséquences.

Si la France précède (de peu) les autres pays européens, c’est que chez nous, l’immigration s’accompagne plus qu’ailleurs d’un terrorisme islamiste récurrent, de graves révoltes violentes dans les banlieues (juin 2023 en particulier) et de campagnes islamiques répétées contre notre laïcité…On ne combattra pas efficacement le RN si on reste aveugle quant à l’origine de ses succès électoraux répétés, si on continue à prétendre que ce seraient principalement les préoccupations de pouvoir d’achat qui conduiraient tant d’électeurs à voter pour le RN. 

Il est évident que, si on ne prend pas davantage de mesures pour freiner l’immigration, on s’expose à ce que la montée du RN se poursuive encore d’ici la présidentielle. L’immigration doit cesser d’être le débat interdit qu’il est depuis 40 ans en France. 

Depuis 40 ans, la gauche extrême et quelques ONGs se sont employées à faire admettre aux partis de gouvernement de notre pays que toute limitation de l’immigration relèverait d’une démarche raciste. Or l’immigration, en France comme ailleurs, est un sujet qui mérite pleinement un débat démocratique sans que les personnes qui en souhaitent une limitation soient immédiatement taxées de racistes 

Un exemple parmi d’autres. Lors des élections de décembre 2023 en Pologne, l’alliance pro-démocratique autour de Donald Tusk a réussi à renverser la majorité parlementaire dont disposait le parti Droit et Justice, un parti d’extrême-droite qui de longue date est un proche allié du RN. Cela n’a pas empêché Donald Tusk d’entamer sans tarder la construction d’un mur avec la Biélorussie ; il s’agit pour lui de s’opposer à l’afflux d’immigrants que Poutine fait venir du Sahel en Russie pour ensuite les envoyer manu militari vers la Pologne (ou vers la Finlande) dans le but avoué de  déstabiliser ces pays.

LFI, une fois de plus, tourne le dos à ce qu’il conviendrait de faire : il a exigé et obtenu de ses alliés du Nouveau Front Populaire d’inscrire à leur programme commun des mesures qui faciliteraient davantage encore l’accès de notre territoire aux migrants (un élargissement en particulier de l’accès à notre droit d’asile).C’est ahurissant. Une nouvelle fois, LFI contribue ainsi, indirectement mais assurément, à la montée du RN. Plus les dirigeants politiques hors RN s’avèrent laxistes en matière migratoire, plus cela contribue à propulser le RN vers le pouvoir suprême. De la même façon que les déclarations de Mélenchon autorisant les émeutiers de juin 2023 à « brûler tout sauf les bibliothèques et les écoles » ou que son slogan « tout le monde déteste la police » contribuent directement à renforcer le RN.

Ce comportement irresponsable de LFI tient à ce qu’il est un parti qui est en même temps pro-islam et révolutionnaire. En tant que parti pro-Islam, il estime de son devoir de faciliter l’immigration en France ; en tant que parti révolutionnaire, misant sur un mécontentement croissant, il pratique la politique du pire dans l’espoir qu’un jour, la colère de la rue le porte au pouvoir. C’est pour ces deux raisons auxquelles il faut ajouter un antisémitisme de moins en moins voilé que je souhaite un nouveau désaveu électoral de LFI.

La menace la plus immédiate, comme on le sait, est celle qui vient du RN. Un RN qui se singularise par son opposition totale à l’immigration mais qui présente bien d’autres particularités extrêmement inquiétantes qui ne sont généralement pas assez connues ou pas assez mémorisées par le public. Enumérons les ici :

  • Une volonté d’accroître encore l’empire médiatique de Bolloré. C’est en tout cas le sens que les commentateurs objectifs accordent à son projet de privatiser plusieurs médias d’Etat.
  • Une alliance intense avec Poutine qui va bien au-delà du prêt que consentit Moscou au RN. Beaucoup de commentateurs semblent oublier que Marine Le Pen s’était déplacée en Crimée en 2015 pour y approuver l’invasion de la Crimée par la Russie et pour en féliciter Poutine ; elle refuse encore de s’en auto-critiquer. Beaucoup semblent avoir aussi oublié que Marine Le Pen avait été solennellement reçue à la veille de la Présidentielle de 2017 par Poutine pour tenter de renforcer son image internationale.
  • Une réticence au soutien à l’Ukraine (ce qui est cohérent avec le point précédent). Si Marine le Pen n’a pas commis l’erreur commise par Eric Zemmour lors de l’invasion de l’Ukraine par Poutine, elle a par la suite marqué un manque d’enthousiasme évident à soutenir l’Ukraine, tant à Paris qu’à Bruxelles.
  • Une hostilité à l’OTAN alors que, plus que jamais, depuis février 2022, les démocraties européennes ont besoin de ce qui reste leur principal bouclier face à Poutine et à ses alliés (un bouclier qui s’était déjà avéré très utile face aux lance-missiles que Brejnev pointait sur l’Europe de l’Ouest à la fin des années 70 et au début des années 80).
  • Une hostilité à l’Union Européenne qu’elle affichait ouvertement jusqu’en 2017 et qu’elle a entrepris tactiquement de dissimuler depuis 2022 (comme les autres partis européens d’extrême-droite d’ailleurs).
  • Une complicité marquée avec Orban, le dirigeant hongrois qui a fait basculer la Hongrie dans une démocratie illibérale (une démocratie dans laquelle celui qui gagne l’élection s’octroie tous les pouvoirs et se permet de ne pas respecter les limitations constitutionnelles). Cette complicité du RN avec Orban est attestée par la participation de Marine le Pen aux réunions de l’extrême-droite européenne (et de Jordan Bardella à leur sommet de Budapest en 2022).
  • Une jonction avec Trump. Trump et Marine Le Pen sont en réalité, avec Orban et Nigel Farage (Monsieur Brexit au Royaume-Uni), les pions majeurs dont s’est doté Poutine au sein même de nos pays démocratiques. Après que Trump eut été élu fin 2016, Marine Le Pen avait sollicité d’être reçue par lui. Si cela n’eut pas lieu, ce fut uniquement parce que Trump jugea que cela ne correspondait pas à son agenda. Et à mesure que le scrutin de début novembre s’approche, Trump nous annonce à la fois qu’il n’entend pas respecter totalement les institutions républicaines des Etats-Unis et il nous annonce aussi qu’il entend abandonner l’Ukraine à son ami Poutine.

Au total, une machinerie diabolique est en place : en s’obstinant à refuser toute limitation des flux migratoires, on propulse le RN qui, s’il parvenait au pouvoir, s’emploierait assez vite à séparer la France de ses alliés naturels (les autres pays de démocratie libérale), pour la rapprocher de l’axe des dictatures totalitaires « Moscou-Pékin-Téhéran-PyongYang » (comme cela est déjà le cas depuis plusieurs années pour la Hongrie de Orban). 

Voilà pourquoi au premier tour, il s’agit de rejeter le RN et LFI et pourquoi le vote en faveur des partis du Centre est la meilleure option.

Jean Francart (20 juin 2024)

Chère Claire, 

Merci pour tes remarques. Merci à tous ceux qui ont pris aussi la peine de faire connaître leurs position. Le résultat de ce dialogue est de m’obliger à plus de précisions.Oui, j’ai appelé à voter au centre. Mais au 2 ème tour des prochaines législatives, certains cas particuliers me pousseraient à voter différemment.

Je pourrais par exemple voter pour un candidat du Front Populaire comme Glucksmann malgré la grande déception qu’il a suscitée en moi. Plus généralement, s’il s’agit d’un de ces réformistes naïfs qui ont accepté l’étiquette et le programme « Nouveau Front populaire », je pourrai voter pour lui, s’il fait face à certains candidats RN, même si je trouve moralement honteux, économiquement délirant et politiquement dangereux de faire alliance avec LFI.

A l’inverse je pourrais voter pour un candidat du RN qui se présenterait contre un candidat LFI (au sens strict, et pas le rassemblement Nouveau Front populaire). André a raison : le RN n’est pas révolutionnaire. LFI, l’est. Mon texte ne vaut donc que pour le premier tour. 

Au 2 ème tour, je ne voterai donc en aucun cas pour un candidat LFI représentant dans ma circonscription le « Nouveau Front populaire ». J’examinerai son cas particulier et, malgré mes réticences, je pourrai donc voter RN – et pas seulement m’abstenir –  pour signifier que je refuse le  projet révolutionnaire de LFI en France, sa complaisance avec l’islamisme politique et avec l’agression russe de l’Ukraine.

(Pierre Rigoulot 21 juin 2024)

Depuis que je m’efforce de redéfinir le concept de « raison » pour tenter d’en ressusciter, ne serait-ce que sur le papier,  l’impérativité cognitive et morale,  je m’astreins à faire la différence entre ce qui est raisonnable et ce qui est rationnel.

A ce stade de mes réflexions, la décision de Pierre de soutenir  aux  prochaines législatives le parti centriste plutôt que le gauchiste ou le droitiste me paraît plus raisonnable que rationnelle.

Sa balance des bénéfices/risques me semble en effet incomplète : 

— s’il a raison de faire valoir que la survie du macronisme aurait un moindre coût que l’arrivée au pouvoir du Rassemblement National ou du Nouveau Front Populaire,  il oublie de se demander si ce faible coût ne suffirait pas à nous être fatal : lente submersion démographique et culturelle de l’Europe par l’islam ; perpétuation du macrono-islamo-gauchisme que le « en-même-temps » centriste engendre ;  renforcement de l’islamo-gaucho-centrisme si,  pour gouverner, le tandem Attal-Macron doit pactiser avec tout ou partie du N.F.P. ; 

— peu ou prou il surestime les risques que le R.N. fait courir à la France et à l’Europe : poids des gudards, des nazis et des fascistes dans le R.N. ? poids du R.N. dans l’appareil d’Etat ? culture anti-totalitaire des derniers et nouveaux électeurs du R.N. ? contre-pouvoirs du Président de la République et des juges ? 

— Il tend à ignorer ou sous-estimer les bénéfices politiques et culturels que peut occasionner l’arrivée au pouvoir d’un parti capable de réunifier une partie des anciens électorats gaulliste, communiste et divers droite ou gauche et capable, pour cette raison,  de privatiser la radio-télévision publique (qui me paraît être la plus importante base arrière de l’islamo-gauchisme) et d’entraîner le ralliement d’une partie des musulmans traditionalistes au panache blanc d’une France à nouveau fière de son passé, sûre de son identité et bravache.

L’homme raisonnable minimise par habitude ses risques de crainte de perdre plus qu’il ne peut gagner.

L’homme rationnel opte pour le risque à chaque fois qu’une analyse méthodique concrète de sa situation concrète (et s’appuyant sur une analyse critique des concepts avec lesquels il analyse sa situation concrète) le persuade qu’il court plus de risques à éviter les risques qu’à les calculer et qu’à les prendre.

Est-il raisonnable ou rationnel  d’appeler à voter Attal-Macron plutôt que N.F.P. ou R.N. ?

A chacun d’en juger en faisant le calcul exact, complet  et sincère de sa balance bénéfices/risques d’homme, de parent, de grand-parent mais aussi de citoyen.

(Jean-Pierre Airut, 25 juin 2024)

22 Juin 2024

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