Le RN: un parti républicain mais aussi un adversaire politique majeur, comme l’est LFI
La décision du Président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale et les conséquences possibles de cette décision, parmi lesquelles la victoire électorale du Rassemblement national, nous poussent à examiner la nature du parti que dirigent Marine Le Pen et Jordan Bardella. S’agit-il, comme certains n’hésitent pas à le dire, d’un parti« fasciste », « raciste » et par conséquent un ennemi de la démocratie libérale ?
Ne s’agit-il pas plutôt d’un adversaire politique (avec lequel on peut être en accord ou non) dont l’existence et même la victoire sont compatibles avec la vie de notre démocratie libérale?
Ne s’agit-il pas plutôt d’un adversaire politique (avec lequel on peut être en accord ou non ) dont l’existence et même la victoire sont compatibles avec la vie de notre démocratie libérale?
On remarquera en passant que durant des décennies, le parti communiste français a participé à la vie démocratique, débattant à l’Assemblée nationale et se soumettant à ses votes alors qu’on savait:
1 que sa présence au sein d’une institution parlementaire démocratique était, conformément aux thèses de Lénine, d’abord un moyen de faire connaître ses positions en faveur d’une révolution et d’affaiblir ceux qui souhaitaient s’y opposer.
2 que la victoire dudit PCF conduirait à la mise sur pied d’un nouveau régime politique de type totalitaire, adossé à des Etats ennemis des démocraties.
Le PCF a pourtant été autorisé.
Sommes nous devant le même cas de figure? Le RN a participé à la vie parlementaire sérieusement, s’est incliné devant les votes de la majorité. Son comportement a été en conformité avec les règles démocratiques. Comme jadis le PCF. Mieux : il n’a pas, lui, de projets révolutionnaires. Cependant, à considérer ses valeurs et les effets qu’aurait la mise en application des solutions qu’il propose aux problèmes du pays, le RN apparaît indéniablement comme un danger sérieux pour la démocratie libérale.
Sur le plan extérieur on peut craindre qu’il s’oppose à la poursuite de l’aide à l’Ukraine et continue d’agiter la menace d’une troisième guerre mondiale du seul fait de s’opposer à la puissance expansionniste russe. On peut aussi s’interroger sur la volonté du RN de poursuivre la décolonisation de la Nouvelle Calédonie.
En ce qui concerne l’Europe, le RN s’oppose toujours à bon nombre des compétences de Bruxelles, au nom de la souveraineté nationale. Or affaiblir l’Europe et ne pas la doter progressivement d’une puissance militaire complémentaire de celle de l’OTAN, face notamment à la Russie poutinienne, est un choix dangereux pour la France.
En ce qui concerne la politique intérieure, le RN se fait le champion de la lutte contre l’immigration. Mais s’il faut en effet tenter de s’opposer à l’immigration clandestine, refuser toute forme d’immigration en Europe alors que celle-ci manque de main d’oeuvre est une absurdité.
Sur le plan intérieur encore, la direction du RN promet de réindustrialiser le pays, de faire baisser l’inflation et le chômage et de restaurer la sécurité. Belles promesses inapplicables. Le coût des différentes mesures proposées par le R.N. se monterait à 120 milliards d’euros par an ! Le déficit public exploserait. Les 30 milliards d’euros que coûterait sa nouvelle réforme des retraites fait d’ailleurs réfléchir les dirigeants du Rassemblement national eux-mêmes, qui ont en conséquence annoncé qu’ils en repoussaient l’application. Il en est de même en ce qui concerne la diminution importante de la TVA sur les carburants, l’électricité, le gaz et le fuel, les exonérations d’impôts sur le revenu pour les moins de 30 ans ou encore la nationalisation des autoroutes. Toutes ces mesures feraient s’envoler la dette. Par celles-ci, le RN répond au mirage d’un (trop) grand nombre de Français confondant l’Etat et une poule aux oeufs d’or qui refuserait injustement de répondre à toutes leurs demandes.
Les difficultés économiques qui s’en suivront auront pour effet de provoquer rapidement colère et incompréhension. LFI tentera de capitaliser cette colère et l’on peut prévoir de forts mouvements sociaux avec manifestations violentes et grèves, d’autant plus que LFI jouera la carte d’un anti-fascisme obsolète, tout comme elle joue actuellement la carte du concept creux de l’islamophobie. Dans ces conditions, conformément à ce qui constitue notre référence majeure, la défense de la démocratie libérale, nous en appelons au ralliement des électeurs au candidat le mieux placé pour n’envoyer à l’Assemblée nationale ni LFI, dont les tentatives d’agitation révolutionnaire, le refus de s’en prendre à la politique poutinienne et le soutien au Hamas nous opposent à lui depuis longtemps, ni le Rassemblement national, dont les propositions conduiront le pays au chaos.
Florence Grandsenne
Vincent Laloy
Pierre Rigoulot
André Senik
